mardi 7 juillet 2015

L'Affaire Jean-François Mercier

Jean-François Mercier est un auteur et humoriste qui donne dans l'humour crû, crasse, vulgaire, et quand même somme toute relativement intelligent, généralement à deux ou trois degrés de sens.

Il a dépassé une borne en postant ceci sur sa page Facebook:
S’habiller sexy et se déhancher de manière suggestive dans une discothèque pour ensuite se plaindre des regards insistants des hommes, c’est un peu comme manger de la crème glacée dans un village éthiopien et de dire: ''Coudonc calice, pas moyen de manger un cornet icitte sans se faire regarder!''
L'internet a, évidemment, réagi fortement. ''Culture du viol'' surtout, racisme parfois (à tort, il visait la pauvreté, pas la race, ça me semble pourtant clair, mais tant qu'à être offensé, les susceptibilités s'en sont donné à coeur joie), on l'a tellement attaqué qu'il en a fermé son compte Facebook.

Voici ma réaction:

Même si je trouve que la réaction des internettes a fini par ressembler à du bullying (intimidation) à 20,000 contre un, 1. je ne pleurerai pas sur le sort de JF Mercier qui, j'espère, est capable d'en prendre autant que d'en donner, et 2. c'est un débat de société qu'on se doit d'avoir.

Il faut clarifier aux deux côtés que 1. la culture du viol existe (de l'un), mais que tous les regards vers l'autre sexe n'en est pas necessairement (de deux). Faut devenir une société d'égaux forts, pas des victimes qui pleurent tout le temps. Et pas dans le sens de ''blame the victim'', tant qu'on ne retournera pas à l'âge de pierre, qu'on sera dans une société hyper-politically correct super prude, de porter peu de linge va choquer (voir Cyrus, Miley, qui a fait ce que Britney Spears et Madonna ont fait avant elle mais a eu encore plus de backlash). Mais porter peu de linge, bien que visible (et donc que c'est ok de regarder poliment) ne veut pas dire ''viens toucher, mononcle''.

Mais avant, il faut aussi décider ce qu'on est en tant que société. L'Occident? L'Amérique? Du Nord? Le Canada? Le Québec? Toutes ces entités ont des définitions différentes d'égalité et de droits. Et toutes n'ont pas évolué au même rythme non plus.

C'est pourtant facile: t'es un humain, t'as les mêmes droits que l'autre humain. Incluant, heureusement pour M. Mercier, le droit d'être con. Et pour ses bashers, le droit de le traiter de con. Y'a juste les personnes en position d'autorité morale (profs, patronat, gouvernement) qui se doivent de rester neutre sur tout et de ne pas juger, y compris ne pas juger les cons et les servir quand même.

Puis juste pour revenir à ce qu'il a dit... quand Mélanie Couture fait un sketch de 7 minutes sur exactement ça, c'est correct, parce qu'elle est une femme, et une ancienne sexologue de surcroit, donc elle a le droit de juger. Mais Le Gros Cave (le nom de son personnage) a enfin dépassé LA BORNE? Il a déjà dit pire, et je l'encourage à dire pire à l'avenir. Ça en prend. Sinon tout est trop aseptisé. Et c'est bien que des gens soient outrés. Mais come on, on est allé un peu fort dans la réplique.

''Sticks and stones may break my bones but words will never hurt me'', qu'on se faisait dire, quand on était jeunes. Il y a des exceptions, comme le harèlement moral continu, encore une fois surtout exercé par une personne en position d'autorité ou d'égalité (les exemples ci-haut, plus la famille et conjoints, mettons). Mais dans un contexte de cour d'école comme l'internet semble l'être devenu, faudrait que le monde ''grow up'' et ne s'offusque pas aussi facilement.

Combien de filles se sont vraiment, dans la vraie vie, fait harceler physiquement dans des bars pendant qu'on réagissait au gars qui n'en toucherait pas une pour vrai, c'est quoi les statistiques, mettons au Québec? Une à la minute? Et on blâme le messager au lieu du problème? C'est ça qui me décourage. C'est la quantité d'efforts qu'on a mis pour lui faire fermer son Facebook, quand 20,000 ''t'es cave'' auraient suffi à faire passer le mécontentement.

Il a juste tort à moitié quand il se défend en disant qu'il est féministe. C'était la pire défense possible, mais comme un rat dans un coin, il l'a sorti. Dans son cerveau, oui, il est probablement pour l'égalité pour tous, comme la plupart du monde ici. Sa yeule, moins. Mais l'effort qu'on a mis, on devrait la mettre à ceux qui mettent l'effort à imposer des limites sur le nombre d'avortements par année, sur les ministres conservateurs qui chaque année passent des ''projets de loi privés'' pour l'abolir complètement. Du monde élu à répétition, là, qui sont payé par nos taxes et impôts. L'équité salariale qui, bien que loi, n'existe pas encore. Sont où les ''fan pages'' Facebook de ça? Les policiers qui conseillaient aux filles de PAS prendre le taxi en ville l'an passé à cause d'un chauffeur violeur. C'est pas votre job de l'arrêter, à la place de dire aux filles comment mener leur vie?

Moi, c'est ça qui m'énarve. Sur ce sujet-là, du moins. Je m'énarve autant sur la racisme, les droits LGBT, et encore plus sur Carey Price. Lui, astie, ch'pas capable. Price, c'est pire que Philippe Couillard pis Stephen Harper ensemble, parce qu'au moins eux, une fois de temps en temps, ils en arrêtent une dans le top-corner (surtout une subvention à un programme social).