mardi 3 mai 2011

Lettre Ouverte À Gilles Duceppe

Cher M. Duceppe,

j'imagine que le coup a été dur à encaisser. Vous avez toutefois fait preuve de tout un sang-froid lorsque vous avez annoncé votre retrait du Bloc Québécois.

Mais revenons au coup dur. Je ne sais pas si ma position ressemble à celle de mes concitoyens, mais de mon côté, je m'excuse. Profondément. Voyez-vous, vous représentiez mon comté, Ville-Marie, à Ottawa depuis 1990 - et vous y avez fait un travail plus qu'exemplaire: votre parti a été à l'origine de l'éclosion du scandale des commandites; vous avez depuis défendu les chômeurs et la caisse d'assurance-emploi, les pêcheurs des maritimes dans un dossier semblable, les minorités partout au pays, la neutralité internet et décrié les nominations douteuses des Conservateurs dans la plupart des domaines, allant des ports au CRTC. Vous avez aussi été le seul à ne pas lâcher prise quand il était question qu'un ministre Conservateur soit accusé de corruption - sans doute parce que vous étiez le seul parti qui, sachant le Pouvoir inaccessible, n'a pas de membres qui se sont vus offrir des pots-de-vins en échange de contrats ultérieurs.

Ce soir, le 2 mai 2011, j'ai fait ce que les résidents de l'Ontario auraient dû faire: j'ai voté ''stratégiquement''. J'ai vu la montée du NDP et décidé d'envoyer un message au Bloc et aux Conservateurs: il est grand temps de grands changements. Je vous croyais invincible dans votre position de chef de parti ainsi que d'homme droit et de ''chef de parti en qui le public a le plus confiance'' et, malheureusement, j'ai voté pour le NPD pour la troisième fois de suite.  À vos dépens et, cette fois-ci, vous coûtant votre emploi.

Pas que vous auriez pu être vachement efficace à Ottawa, accompagné de seulement 4 autres députés, ça non, mais sachez que pour la plupart des gens que je connais, qui oeuvrent comme moi dans le milieu des arts mais qui sont tout aussi inconnus du grand public que moi, vous demeurez l'homme de confiance pour nous mener vers le droit chemin, celui de l'indépendance.

Mais nous savons également qu'il faudrait toute une dégelée pour que Pauline Marois abandonne la chefferie du PQ, alors vous devrez sans aucun doute ronger votre frein pendant au moins quelques années. Vous pourrez peut-être réfléchir à votre dernière campagne, vous rendre compte que, parfois, il faut dire un NON retentissant à ses propres stratèges losrqu'ils vous suggèrent de sortir les vieux squellettes indépendantistes comme Gérald Larose et Jacques Parizeau des boules à mites ou de passer le dernier droit en compagnie de Mme Marois, un véritable poison politique, comme vous le savez bien (comme Bernard Landry et André Boisclair).

Et il faudra être prêt, dans 4 ou 6 ans, à prendre les rennes. Parce que 4 ans de Stephen Harper et des ses idées réductrices, peu importe les sondages actuels, ça va faire remonter l'indépendance dans les discours et les intentions des québécois de tous azimuts. Et le Québec n'acceptera jamais que Mme Marois soit le premier chef de cet état souverain, parce qu'il sait, de par ses trois ''courses'' à la direction du PQ comme ses ''stages'' aux ministères de l'éducation, des finances et de la santé, qu'on ne peut pas lui faire confiance.

Alors prenez quelques semaines de vacances à Cuba, renvoyez vos stratèges nuls et sans imagination, et affûtez vos armes pour le prochain combat, M. Duceppe, parce que personne d'autre que vous n'est prêt et il ne faudra pas manquer notre troisième chance, pour des raisons évidentes.

Toutes mes sympathies, et encore une fois désolé,


Sébastian Hell
musicien et auteur indépendant
analyste en recherche marketing