mardi 27 octobre 2009

El Partido Liberal de Québec en la “lista parcial” de los clientes del Rendon Group

Mientras investigaba sobre el involucramiento de algunas compañías de relaciones públicas norteamericanas en la guerra que hace Washington al gobierno de Hugo Chávez en Venezuela, me di cuenta que el nombre del Partido Liberal de Québec figuraba en la “lista parcial” de los clientes del Rendon Group. En una serie de tres artículos publicados en el diario mexicano La Jornada, durante el mes de agosto de 2009, el periodista José Steinsleger hace una describción panorámica de algunas de las actividades de dicha empresa.

En estos artículos, nos enteramos de que esta compañía ha participado en la campaña de desinformación que se realizó en el marco de la invasión norteamericana a Panamá en 1989 (la cual, según el periodista, causó 7500 muertos). Es también el Rendon Group que se encargó, justo antes de la Guerra del Golfo, de elaborar la historia de la joven muchacha que habría sido testigo de la incursión de soldados iraquíes en una clínica kuwaitiana en donde éstos habrían matado a quince bebés. Al respecto, José Steinsleger afirma lo siguiente:
“No satisfecho con la cifra, el comité de Asuntos Exteriores del Senado elevó a 312 el número de bebés asesinados, y la opinión pública estadounidense quedó abrumada”. El periodista continua diciendo: “El 12 de enero de 1991, el Congreso autorizó la invasión militar a Irak. El periodista Alexander Cockburn probó en su columna de Los Angeles Times que la historia de los bebés era una farsa. Tarde. Las bombas cayeron sobre Bagdad y los “corresponsales de guerra” en Jordania y Arabia Saudita “transmitieron” la masacre aérea desde sus hoteles así como nosotros la vimos en nuestras casas, cómodamente sentados” (http://www.jornada.unam.mx/2008/08/06/index.php?section=opinion&article=020a2pol).


José Steinsleger menciona varios otros casos de manipulación mediática como el episodio de los soldados iraquíes que se rindieron arrodillados ante los soldados estadounidenses “pidiendo perdón”, las “20 mil tarjetas con el mensaje “Gracias por liberarnos de Hussein”” mandadas a los soldados norteamericanos estacionados en Kuwait sin la participación de un sólo kuwaitiano y las imágenes de las tropas estadounidenses recibidas en las calles de la capital del emirato por los habitantes del lugar, con miles de banderitas estrelladas distribuidas por la empresa durante la primera guerra de Irak (ídem).

El autor sostiene que, más recientemente, el Rendon Group habría elaborado “la patética historia de la soldado Jessica Lynch, de 19 años, y su rocambolesca operación de rescate del hospital Saddam Hussein de Bagdad. Jessica fue capturada en 2003 durante una batalla sangrienta, se resistió como una leona y fue maltratada y violada por sádicos médicos iraquíes. Mentiras -dice el autor. Los médicos iraquíes donaron su sangre para salvar la vida de Jessica, y las tropas especiales se la llevaron del hospital sin disparar un tiro” (ídem).

Creo que es importante informar la opinión pública quebequense sobre las actividades del Rendon Group para que ésta pueda plantear las preguntas apropiadas. A mi parecer, éstas deberían de ser:

¿Con qué fin el Partido Liberal de Québec contrató los servicios de esta empresa?

¿De qué naturaleza son las operaciones de relaciones públicas que han sido realizadas por la empresa a cargo del Partido Liberal de Québec?

¿Cuáles son los costos de contratación de una multinacional norteamericana tan importante y con qué recursos se pagan?

¿En qué medida nuestra sociedad puede aceptar que el partido que la gobierna o cualquier otro partido haga negocios con profesionales de la manipulación de masas, sobre todo cuando estamos conscientes de la magnitud de sus operaciones?

Para concluir, recomiendo fuertemente al lector que vaya a visitar la página de Internet en la cual aparece la “lista parcial” de los clientes de la empresa. Algunas informaciones sobre las operaciones que el Rendon Group ha efectuado por algunos de sus clientes están disponibles, pero no en lo que trata del Partido Liberal de Québec. De manera general, podemos constatar que el grupo se encarga de reconstruir la imagen en crisis de algunas empresas o gobiernos, hacer la promoción de la privatización y montar campañas de “comunicación” en contextos de conflictos internacionales. En sus dos otros artículos, José Steinsleger documenta las actividades de la empresa en Venezuela y en Colombia:

www.jornada.unam.mx/2008/08/27/index.php?section=opinion&article=024a2pol

www.jornada.unam.mx/2008/08/13/index.php?section=politica&article=019a2pol

lundi 5 octobre 2009

De la démocratie, des droits... et du Collège Notre-Dame

Je vais essayer d'être très bref cette fois-ci, même si, comme tu le dis, «ce débat épique n'est que toile de fond pour un débat plus large, plus profond». Quand tu me dis «il faut savoir choisir ses cibles», je voudrais préciser ici que ma cible ici n'est pas le Collège Notre-Dame, mais plutôt ceux qui décident de donner à cette institution privée de l'argent qui doit aller vers le public.

Ce qui est dit dans La Presse sur l'utilisation éventuelle et hypothétique de ces fonds n'est en fait qu'une déclaration. Comme je t'ai dit, il est possible que cet argent aille dans "les infrastructures", mais comme il s'agit d'une institution privée, qui n'a aucun compte à rendre sur la place publique, il n'y aura pas moyen de le savoir, à moins de faire une enquête à la J.E.

De toute façon, l'argent que le secteur public génère doit d'abord servir a l'enrichissement de notre collectivité par le biais des infrastructures de l'État. Si l'argent de Hydro-Québec va financer l'éducation, cette éducation devra être publique et non pas privée et encore moins si cet argent est octroyé dans le but d'évader des impôts en utilisant le Collège Notre-Dame comme abri fiscal parce que, dans ce cas, c'est toute notre collectivité qui se fait voler deux fois plutôt qu'une.

Quand je «place Notre-Dame au même niveau qu'une entreprise comme Labatt», je le fais parce que, tout comme Labatt et Harvard, Notre-Dame doit s'adapter au marché pour survivre ce qui fini par jouer un rôle prépondérant dans le contenu de ses programmes. Des fois cela produit même des choses pas trop mauvaises, comme par exemple le fait que désormais pratiquement tous les professeurs du collège en question situé à Montréal sont laïcs. Toutefois, si on adopte un point de vue global, cela crée un système d'éducation à deux vitesses: une vitesse pour ceux qui ont les moyens de se permettre de payer 3000$ par année pour des frais de scolarité et une autre pour le reste. Avant 1965, l'éducation c'était l'affaire des religieux et les canadiens français n'y avait pratiquement pas accès. C'est à force de luttes sociales très difficiles que celle-ci a pu s'universaliser un tant soit peu.

Ceci nous amène à parler de démocratie. Tu sais que je ne suis quand même pas naïf au point de parler de démocratie dans le sens qu'on donne au régime de la Grèce Antique qui excluait les femmes et qui avait son système d'esclavage. Je ne suis pas non plus assez imbécile pour croire que la démocratie c'est le système qui donne cours à la domination hégémonique qu'exercent les États-Unis sur le reste du monde.

La démocratie n'est pas une fin en soi, sinon une lutte constante des peuples pour leur inclusion dans la prise de décisions en ce qui concerne le sort de leur collectivité. On pourrait paraphraser Nietzche en disant, «si tu rencontre la démocratie, tue-la, ce n'est pas elle». Par définition, la démocratie ne peut être imposée par l'élite. Les luttes sociales qui ont eue lieu lors de la révolution tranquille sont un exemple de combats démocratiques, mais cela ne signifie pas qu'au Québec la démocratie soit le décors dans lequel notre quotidien se déroule.

En fait, la révolution cubaine était aussi, au départ, un ensemble de combats démocratiques et c'est l'essence même de ces luttes qui fait en sorte que ce régime ne soit pas plus dictatorial qu'il ne l'est en ce moment. C'est-à-dire que ce régime ne pourrait pas demeurer en place si les demandes populaires en faveur d'une universalisation de la santé, de l'éducation et de certains besoins essentiels n'avaient pas été satisfaites dans une certaine mesure.

En d'autres mots, la démocratie c'est à nous de la construire tous les jours de notre existence en luttant pour notre souveraineté en tant que collectivité. Cette lutte quotidienne est celle que nous menons pour faire valoir nos droits. Ceci étant dit, je suis tout à fait d'accord avec le discours de George Carlin, toutefois, je crois que l'interprétation que j'en fait diffère énormément de la tienne.

George Carlin déplore l'absence de droit et attire l'attention sur le fait que les «droits» qui nous sont accordés par les secteurs de pouvoir sont absolument fictifs. Ceci est dû au fait qu'ils nous dominent et s'arroge le «droit» de nous dire ce qu'on a «le droit de faire et de ne pas faire». Bien entendu, ils le font dans le but de se maintenir au pouvoir et non pas dans le but d'améliorer le sort de notre collectivité. Ces «droits», qui sont un peu comme des miettes de pains que l'on jetterait aux oiseaux dans un parc, ne sont en effet que des «privilèges», c'est-à-dire une sorte de manifestation de la "bonté" du dominant envers le dominé.

Le dominant n'a aucun intérêt à nous donner de vrais droits. Les vrais droits sont le fruits de luttes collectives extrêmement ardues et, une fois qu'ils sont acquis, notre collectivité se doit d'être continuellement alerte afin de ne pas les perdre. C'est en ce sens que les intérêts «privés» sont incompatibles avec les intérêts de notre collectivité. Chaque fois que l'argent public est dirigée vers des intérêt privés, c'est toute notre collectivité qui perd du pouvoir, qui s'appauvrit et c'est notre marche vers la démocratie qui fait un pas en arrière.

Notre-Dame Qui Êtes Odieux

Ouais, bon, je pense qu'on peut s'entendre qu'à tout le moins, ce débat épique n'est que toile de fond pour un débat plus large, plus profond.

J'aime que tu tires sur tout ce qui bouge; en l'absence d'un Falardeau, si on veut le faire notre crisse de pays, faut voir l'ennemi et être prêt à le contrer dès qu'il ouvre sa trappe. Tu as l'oeil, c'est entendu, mais il faut aussi savoir choisir ses cibles.

Quand tu places Notre-Dame au même niveau qu'une entreprise comme Labatt, ou, mettons, que les écoles privées américaines telles Harvard dont le seul but est de ''faire la piasse'', je crois que tu ne saisis pas de qui il s'agît ici.

Les propriétaires ne sont pas une compagnie à numéros ni des experts en finance; c'est la congrégation des Frères de Sainte-Croix, les religieux qui ont bâti (et sont les propriétaires) de l'Oratoire Saint-Joseph, et de pas mal toutes les écoles qui portent le nom ''Notre-Dame'' en leur sein. Ils n'ont aucune autre activité que l'enseignement et de faire vivre le peu de religieux qui reste sous leur enseigne. Avec tout ce que ça implique de bon et de mauvais - surtout 40 ans après la Révolution Tranquille - mais rappelle-toi que le gouvernement décide de ce qui s'enseigne, et il n'y a donc pas de lavage de cerveau religieux dans leurs cours (en fait, les profs sont tous laïcs depuis bien longtemps).

D'ailleurs, il me semble que le dernier prof religieux à y avoir sévi est le Frère Jérôme - signataire du Refus Global, de Prisme D'Yeux et des Plasticiens.

L'argent recueilli, donc, paie les installations, les infrastructures. C'est pas mal juste là que l'école diffère des autres - elle en a tellement. Et l'argent d'Hydro, justement, était destiné aux infrastructures du côté de la Côte Sainte-Catherine, où se trouvent l'aréna, le terrain de football et l'Atelier du Frère Jérôme (qui accueille toujours des visiteurs même si le frère lui-même est décédé en 1994). C'était dans La Presse.

On parle (tu parles en fait, moi, j'évitais, mais c'est vrai qu'on y est presque) de démocratie, d'égalité, mais en 2009, je me demande vraiment où elle en est, la Démocratie. On parle de laquelle, celle des Grecs, l'Originale, qui excluait les femmes? Celle des Américains, qu'ils exportent à coup de guerres, bâtie sur des racines racistes et sexistes qui permet à un gars qui perd ses élections de devenir Président quand même? Ou tu parles de la Démocratie Canadienne où le gars qui prend toutes les décisions n'a même pas reçu l'appui de 15% de la population du pays mais mène le bal pareil parce qu'il a eu (à peine) plus de votes (pour les gens qui ont daigné voter) que ceux des trois autres partis, mais qui a eu moins de votes que ceux de n'importe quels deux autres partis (ah, si seulement le Bloc et le NPD avaient autant de couilles que d'intégrité!)

Pour vrai, la démocratie, c'est beau dans les livres théoriques, mais dans les faits, ça ne marche pas. J'aurais beaucoup plus confiance en un système comme à Cuba qu'en notre semblant de démocratie. Tu mentionnes le mot ''droit'', comme si on en avait... mais je traduis librement un extrait du dernier show de George Carlin avant sa mort:
Ça n'existe pas des droits, c'est imaginaire. Comme Pinocchio et les contes de fées, ce sont des idées, de belles idées, oui, mais fictives. Si vous pensez avoir des droits, laissez-moi vous demander d'où ils viennent. Ils viennent de Dieu? Non. (...)

Pourquoi chaque pays a-t-il un nombre différents de droits? Pourquoi en avons-nous 10 alors que les Britanniques en ont 13, les Allemands 29, les Belges 25, les Suédois en en 6 et certaines personnes sur la planète n'en ont aucun. Pourquoi certains gens en ont-ils un nombre différent? On s'emmerdait? On ne sait pas compter? (...) On dirait plus un groupe qui tente de contrôler un autre groupe - ''business as usual'', comme on dit en Amérique.

Si vous croyez toujours que vous avez des droits, allez chercher sur Wikipedia, tappez ''Japano-Américains 1942'' et vous verrez ce que les autorités pensent de vos précieux droits. En 1942, le gouvernement a mis 110 000 bons citoyens, qui payaient leurs impôts et suivaient les lois, dans des camps de concentration, juste parce que leurs parents étaient nés dans le mauvais pays. C'est tout ce qu'ils avaient fait de mal.

Ils n'ont pas eu droit à un avocat, pas eu droit à un procès juste et équitable, pas droit à un jury formé de leurs pairs, aucun droit. (...) Le seul droit qu'ils avaient: Droit Devant - dans le camp.

Juste au moment où les citoyens américains avaient le plus besoin de leurs droits, le gouvernement leur a enlevé. Les droits ne sont pas des droits si quelqu'un peut vous les enlever. Ce sont des privilèges, et si vous lisez ne serais-ce qu'une fois de temps en temps les journaux, vous vous rendrez compte qu'à chaque année, la liste diminue et se rétrécie. (...)

De deux choses l'une: ou bien nous avons TOUS les droits, ou bien nous n'en avons aucun.
- tu peux le voir ici, rends toi à 4:15

Peut-être que c'est seulement parce que je suis dans une mauvaise passe, que je ne vois pas le côté positif des choses, je ne vois pas l'avenir comme étant prometteur. J'ai un ami, Mark, qui dit, en parlant de démocratie, qu'elle a fait son temps et qu'elle a prouvé être inefficace. Non seulement une organisation comme l'ONU ne sert à rien d'autre que d'envoyer des lettres à des chefs de pays dangeureux (en plus de leur offrir une plate-forme où s'exprimer), mais elle plie constamment devant un pays qui se targue d'être un Champion De La Démocratie où 49% de la population a choisi George W. Bush pur décider de leur sort et les représenter comme le visage de leur nation, où plus de 51% des gens sont contre le droit à l'avortement et les marriages homosexuels, où un plan se santé simple va perdre malgré une majorité écrasante de voix au Sénat (59 voix), à la Chambre Des Représentants (61 voix) et un veto au Président... il y en a sérieusement là-dedans qui méritent de perdre leur droit de vote.

Ou peut-être méritent-ils une meilleure éducation. Moi, je les enverrait dans une institution qui a instruit Félix Leclerc, Rudy Caya, Diane Dufresne, Gregory Charles, le Frère André, et moi-même - en plus de coûter moins cher que d'étudier aux States, ils reçoivent des dons annuellement!

dimanche 4 octobre 2009

Notre-Dame : Ce n'est pas fini tant que ce n'est pas fini...

J'ai l'impression que ce sujet-là vient toucher une corde sensible et que ça va être difficile d'en finir : de mon côté, je vois comment il est désormais à la mode autant en Amérique du nord comme en Amérique Latine de délaisser le financement de l'éducation publique sous prétexte qu'il s'agirait d'un investissement stérile pendant que personne ne critique le financement octroyé par l'État à des institutions d'enseignement privées (lire dont le but premier est de faire de l'argent en vendant de l'enseignement); et de ton côté, c'est ton ancienne école secondaire, celle qui s'est chargée de construire ta connaissance ainsi qu'une partie de ton identité au cours d'une étape de ta vie dans laquelle ces deux éléments sont primordiales dans ton cheminement personnel. Toutefois, ne perds pas de vue qu'elle l'a fait à un prix exorbitant.

Je commencerai par répondre à la question suivante, celle qui clôture ton article et qui m'oblige en quelque sorte à ne pas passer à autre chose :
«s'il faut niveler par le haut et non par le bas (ce que nous prônons tous deux), pourquoi faut-il s'attaquer au haut avant d'améliorer le bas?»


La réponse est très simple : parce que, en démocratie, tous les citoyens sont censés être dotés de droits et de responsabilités. Afin de jouir de leurs droits, ceux-ci doivent d'abord assumer leurs responsabilités. En ce qui concerne la question qui nous intéresse plus particulièrement, la responsabilité citoyenne doit être assumée en fonction des moyens du contribuable. Par conséquent, si ceux qui se trouvent en haut gardent tout l'argent, il sera extrêmement difficile de niveler tout court, que ce soit par le haut ou par le bas.

Alors, il est primordiale que les profits d'Hydro-Québec (qui soit dit en passant appartiennent à tous les québécois, ceux d'en haut et ceux d'en bas confondus) doivent servir à enrichir la collectivité dans son ensemble, c'est-à-dire ce qui est du domaine public et non privé.

En ce sens, le fait que Notre-Dame soit privée lui enlève son statut d'école. Avant d'être une école, il s'agit d'une entité privée dont l'objectif principal n'est pas de faire avancer la collectivité, mais plutôt de s'enrichir en vendant de l'éducation à des familles qui ont le pouvoir d'achat pour se la permettre.

Par conséquent, ce n'est pas «une compagnie qui donne de l'argent à une école», mais plutôt, une société d'État dont la raison d'être est d'enrichir notre collectivité qui donne de l'argent à une compagnie et, par dessus le marché, une compagnie qui a formé celui qui s'est chargé de mettre la main dans les profits de l'entreprise nationale d'électricité.

Je suis tout à fait d'accord pour dire que ce serait une bonne chose que Hydro-Québec finance les écoles. J'irais même jusqu'à dire que ce serait moins pire si le président de Hydro-Québec, dans le cas hypothétique où celui-ci proviendrait du système d'éducation public, décidait de donner de cet argent à son ancienne école secondaire.

Toutefois, ce type de situation serait pratiquement impossible pour deux raisons. La première est que les écoles secondaires publiques ne disposent pas des fonds et autres ressources suffisantes pour faire pression sur un haut cadre de Hydro-Québec afin d'obtenir des privilèges de leur ancien élève.

La deuxième est qu'elle font partie d'un «système» qui permet une certaine homogénéisation des salaires, des fonds qui leur sont destinés, etc. Cela veut dire que, si on donne de l'argent à une école publique, on est obligé de donner à toutes.

En d'autres mots, le système d'éducation publique accompli un travail «nivélateur» de par son essence même. Si notre collectivité décidait qu'une grande partie des profits de Hydro-Québec devait aller au financement du système public d'éducation, tu peux être sûr qu'ils auraient mon vote.

Toutefois, si Hydro-Québec se lance dans la pseudo-charité en garrochant un petit 250 mille piasses sans nous demander la permission à une entreprise qui vend des diplômes pour que son président se donne bonne conscience, je me sens en droit de m'insurger.

«Bon, bémol en partant: je ne parle pas de Pepsi qui sponsoriserait un cours sur l'Histoire 101 Pepsi où chaque homme de Cro-magnon serait dépeint avec une bouteille dudit breuvage, mais bien d'une société d'État qui donne du cash sans rien demander en retour (et sans rien obtenir, non plus) dans le seul but d'aider cette école?»


Je vais répondre très vite à cela. Il est naïf de croire qu'on est en présence ici «d'une société d'État qui donne du cash sans rien demander en retour dans le seul but d'aider cette école». Il s'agit plutôt d'un particulier qui prend l'argent de la société d'État pour la donner à son ancienne école privée. Peut-être que lui ne demande rien en retour, mais pour qu'il décide de leur donner du cash, est-ce que son école lui aurait demander quelque chose en retour de l'éducation qu'il leur a pourtant acheter? Peut-être que non, mais le simple fait que ce scénario soit possible nous fait réaliser le degré d'irresponsabilité de l'homme en charge d'administrer les profits de la ressources qui nous a fait sortir du tiers-monde, en l'occurrence, Thierry Vandal.

Le simple fait que le bonhomme aie reçu son diplôme de cet endroit-là constitue un retour d'ascenseur. En d'autres mots, ce n'est pas dans le but d'aider l'école, c'est dans le but personnel de montrer sa loyauté.

De plus, le fait que l'école soit privée nous empêche de connaître la nature exacte des dépenses qui vont être faites avec cet argent. C'est-à-dire qu'ils n'ont aucun compte à nous rendre et, même si l'argent était utilisée de la meilleure façon possible, on en aurait aucune garantie, de là le danger de destiner des fonds publics au secteur privé. Un tel risque pourrait avoir des conséquences vraiment graves quand on tient compte du fait qu'il s'agit de quelque chose d'aussi important que l'éducation dont on parle.

Sur ce, j'ai l'impression que, si tu crois les questions que je pose sont moins «profondes» que celle que toi tu te poses, j'ai dû m'exprimer très mal. «Comment enrayer les conflits d'intérêts?»; «Pourquoi le PDG de Hydro n'est-il pas le produit du système public?» et «s'il avait été issu du système public et qu'il aurait subventionné son ancienne école - y aurait-il matière à scandale?» ne représentent que des détails en comparaison de ce que j'essaie de te faire comprendre.

En arrière-plan de mon argumentation on retrouve des questions comme les suivantes: «Quel type de société voulons-nous? Une société qui aspire à l'égalité ou une société dans laquelle riches, en y contrôlant les rouages, continueront de s'enrichir et les pauvres de s'appauvrir?»; «De quelle façon faut-il répartir la richesse collective?»; «Qui doit se charger de la répartir?»; «Comment s'assurer qu'elle est bien répartie de la façon dont les citoyens ont souhaité qu'elle se répartisse?»; «À quoi sert l'État?»; «À quoi sert l'éducation?»; «À quoi sert Hydro-Québec?»; «Comment démocratiser Hydro-Québec?» (qui serait, à mon avis, la plus intéressante); etc.

En terminant, si tu déplores «que ledit scandale ait forcé Notre-Dame à laisser tomber le financement (qu'il avait besoin, soit dit en passant)», ne t'inquiète pas trop. Étant donné que le statut privé de l'école Notre-Dame lui donne le pouvoir de décider comment elle utilise son budget, ce serait le moment ou jamais pour l'institution de diminuer certaines dépenses inutiles, comme par exemple les salaires de ceux qui se trouvent au sommet de sa propre hiérarchie et de prêcher par l'exemple en tant que «personne morale».

Comme le dit un de mes profs: "il ne faut pas voir la crise comme un problème, sinon comme une opportunité". Si Notre-Dame avait vraiment besoin de cet argent, on peut dire qu'elle se trouve devant une belle opportunité de se renouveler. Toutefois, si elle a décidé de refuser cet argent, c'est tout simplement parce que l'accepter l'aurait obligé à défendre l'indéfendable face à notre collectivité.

samedi 3 octobre 2009

Pour En Finir (?) Avec Le Financement Des Écoles (Dont Notre-Dame)

Enfin, te voici revenu dans le monde réel! Je salue ta présence et ton retour...

Je m'attendais à te voir grimper dans les rideaux, c'est vrai. Défendre le droit commun devant le droit personnel, oui. Je te connais bien, et, en général, je m'accorde assez bien à ton diapason.

Nous voulons les mêmes choses: un pays libre, dans notre langue, qui respecte non seulement nos valeurs mais celles de nos concitoyens (peu importe leur origine), élever le niveau du discours, sortir du marasme...

Mais pour vrai? Un scandale sur une 'compagnie' qui donne de l'argent à une école?

Bon, au moins admettras-tu qu'il n'y aurait pas de scandale si Hydro-Québec, notre compagnie à nous tous qui me charge, perso, à moi, trois fois le prix que je payais il y a sept ans pour 'notre' richesse naturelle, aurait aussi donné à une (ou des) école publique(s)?

Ne vas-tu pas admettre, par contre, que dans une société qui dépérit depuis quinze ans (et, ironiquement, un taux d'appui au souverainisme qui chute au même rythme, faut croire que les Québécois aiment se faire avoir), avec un état qui peine à survivre à ses promesses d'améliorer les soins de santé et l'éducation, que subventionner une (ou des) école(s) secondaire(s) est une bonne chose?

Bon, bémol en partant: je ne parle pas de Pepsi qui sponsoriserait un cours sur l'Histoire 101 Pepsi où chaque homme de Cro-magnon serait dépeint avec une bouteille dudit breuvage, mais bien d'une société d'État qui donne du cash sans rien demander en retour (et sans rien obtenir, non plus) dans le seul but d'aider cette école?

Si c'est le cas, je peux vivre avec le fait que j'y vois un pas dans la bonne direction et que tu y vois ''le mauvais'' pas. C'est sûr que c'est un peu croche, subventionner le privé (peu importe le domaine), mais, moi, les questions que je me pose sont plus profondes. Parmi lesquelles: comment enrayer les conflits d'intérêts? Ou: pourquoi le PDG d'Hydro n'est-il pas le produit du système public? Et: s'il avait été issu du système public et qu'il aurait subventionné son ancienne école - y aurait-il matière à scandale?

J'aime que toi, tu voudrais commencer par les plus petits problèmes - et peut-être as-tu raison. Moi, je préfère 'voir global' et voir comment ce cas-ci peut nous aider à avancer en tant que société, tout en déplorant que ledit scandale ait forcé Notre-Dame à laisser tomber le financement (qu'il avait besoin, soit dit en passant). Parce que notre société idéale, je l'espère, sera situé quelque part entre les deux, tout en partageant nos idéaux, parce que comme Bernard Landry et Pierre Falardeau, nous partageons presu'exactement les mêmes idées mais nous nous différencions dans l'application de celles-ci.

Faut dire que je suis issu du privé et toi du public; mon école a formé des gradués du Cégep, et la tienne, a fait partie des bas-fonds d'un classement qui ne veut rien dire - à preuve, tu es entré dans la trentaine, tu fais ta maîtrise à l'étranger dans une université réputée, et moi, la trentaine depuis un an, je me morfonds dans une job qui peine à me donner des heures et je vis mal (très mal).

On pourrait se demander la question-Bougon: c'est qui le cave? - et plus souvent qu'autrement, ce serait moi - le reste du temps, aucun de nous.

Tes points sont valides - en partie parce qu'ils sont aussi les miens. Ne me reste qu'une seule question: s'il faut niveller par le haut et non par le bas (ce que nous prônons tous deux), pourquoi faut-il s'attaquer au haut avant d'améliorer le bas?

vendredi 2 octobre 2009

Vieux mots tard que majais... Notre électricité et Notre-Dame

Comme tu t'en doutais sûrement, je suis en désaccord avec ton article sur de nombreux points. Il y en a vraiment beaucoup, parce que c'est un article avec beaucoup de contenu, ce qui est très bien en soi.
Alors, comme je te dis, elles sont nombreuses, il va donc falloir y aller dans l'ordre.

La première est celle-ci:

« Peut-être suis-je biaisé parce que moi aussi, j'y suis allé à Notre-Dame, et qu'ils m'y ont lavé le cerveau, mais, en soi, je vois beaucoup plus de points ''pour'' que de points ''contre'' cette histoire. »

En fait, tu ne vois pas plus de points « pour » que de points « contre ». L'idée de base de l'argumentation qui suit cette affirmation c'est, en quelque sorte, de justifier l'octroie d'une subvention de la part d'Hydro-Québec à une compagnie à but lucratif qui s'est donnée pour tâche de vendre très cher une éducation basée sur la foi à des parents d'adolescents qui ont les moyens de payer des frais de scolarité de 3000 dollars par an. Sauf que, pour justifier ce geste de la part de Thierry Vandal, tu ne te bases pas sur des « pour », mais plutôt sur l'idée que, dans une société aussi pourrie que la nôtre, ce genre d'aberration est monnaie courante et que, si l'argent est pour aller à une école secondaire, on n'a pas à se plaindre.

Par exemple, dans la phrase suivante, tu dis :

« Bon, on veut amener le débat vers un angle ''on privilégie les riches avec l'argent des pauvres'', et c'est en quelque sorte vrai, mais il y a probablement quand même autant (sinon plus) de gens moins aisés qui envoient leur enfant à Notre-Dame que de riches dans les écoles publiques (…) »

Tu concèdes alors qu'il est vrai que « l'on privilégie les riches avec l'argent des pauvres ». En ce qui concerne la véracité de cette affirmation j'aurais un bémol à apporter sur lequel je reviendrai sous peu. Toujours est-il que cela est un point « contre ».

La raison pour laquelle je dis que tu ne vois pas plus de points « pour » que de points « contre » est la suivante : ton texte a une symétrie quasi-parfaite. C'est-à-dire que, pour chaque point « contre », tu donnes un point « pour ». Le résultat est que tu finis par nous donner autant de points « contre » que de points « pour », sauf que, en plus, la prémisse de base que tu nous fais accepter, est que c'est toute notre société qui fonctionne de cette façon en disant que « le problème d'éthique en est un de société ». Comme il s'agit, selon tes propres mots, d'un « problème », on se retrouve donc avec un autre gros point « contre ». Ça nous donne donc comme résultat que tu vois plus de points « contre » que de points « pour ».

Ce dernier point « contre » n'est pas négligeable car cela signifie que c'est le fondement même du fonctionnement de la société québécoise qui doit être remis en question. Une société qui, comme on le sait, est sortie de sa condition de colonisée au cours du processus que l'on connaît désormais sous le nom de « Révolution tranquille », période durant laquelle la nationalisation de l'électricité a été un des facteurs les plus importants du développement économique et, a fortiori, social et politique accéléré qu'elle a connu.

Le bémol que je voulais apporter en ce qui concerne ton affirmation selon laquelle « on privilégie les riches avec l'argent des pauvres » est le suivant : ce n'est pas seulement avec l'argent des pauvres que l'on privilégie les riches, c'est avec l'argent de tous ceux qui paient des impôts et aussi de tous ceux qui devraient bénéficier des services de l'État.

Étant donné que, comme tu le dis, les grandes entreprises (qui, selon mes critères, n'appartiennent pas précisément aux classes pauvres et moyennes) ont recours à des abris fiscaux dans le but d'échapper à leur devoir de contribuable, et que les services qu'offrent l'État ont été mis en place dans le but de venir en aide à ceux qui n'avaient pas les moyens de se les payer sous leur forme « privée », c'est l'argent de tout le monde, sauf des riches, qu'une poignée d'individus riches décident de s'échanger. Comme tu le dis si bien : « est-ce la première fois que l'élite redonne à l'élite? Surtout une élite qu'elle connaît? »

Pour contre-balancer l'aspect négatif de cette affirmation, tu cites en exemple le cas de Dick Cheney et Halliburton aux États-Unis. Je suis désolé, mais ici, je ne vois vraiment pas le « pour » que tu nous apportes, sauf peut-être en soutenant que « c'est moins pire ». Cependant, quand on dit que c'est moins pire, ça veut nécessairement dire que ça pourrait être beaucoup mieux; si on l'accepte, c'est tout simplement parce que l'on n'a pas le choix. Selon moi, on est encore en présence d'un autre point « contre ».

Pour rester dans le sujet du « moins pire », tu nous dis que le cas de Thierry Vandal est moins pire que celui du PDG de BMO. Là-dessus, je ne suis pas tout à fait d'accord. La raison réside en ce que représente Hydro-Québec et l'éducation publique dans le processus historique, social, politique et économique de la société québécoise.

Je n'ai ni le temps ni l'espace de te montrer les statistiques sur le sujet, mais de toute façon, je sais que tu connais l'histoire et que tu n'as pas besoin que je te fasse un dessin pour que tu aies une idée des conditions et de la qualité de vie des québécois pendant l'époque de Duplessis afin que tu puisses la comparer avec la situation (quoique en déclin) actuelle. Sauf que, le fait que Hydro-Québec redistribue une partie de ses profits, aussi minime soit-elle, à une entreprises qui se dédie au commerce de l'éducation, ça représente une trahison à notre collectivité. C'est-à-dire, l'idée derrière la nationalisation de l'électricité était d'augmenter la richesse collective et non la richesse privée. Hydro-Québec a le mandat de nous rendre plus riches en tant que collectivité d'abord et ensuite en tant qu'individu.

De l'autre côté, le cas du PDG de BMO, quoique scandaleux, n'a pas vraiment à nous surprendre étant donné qu'il s'agit d'un individu qui se dédie, de façon privée, à acquérir du pouvoir en faisant de l'argent et à se servir de son pouvoir pour faire plus d'argent. Ceci constitue la raison d'être d'un homme d'affaire et c'est pour cette raison qu'il est important que l'État dispose des mécanismes légaux pour limiter leur voracité.

Pour ce qui est de la signification de l'éducation publique pour la société québécoise, rappelons que l'existence de collèges privés de quelconque niveau que ce soit nous met sans cesse devant le fait accompli que nous avons échoué dans la laïcisation de notre système scolaire qui avait pour but, lui aussi, de nous rendre plus riches en tant que collectivité.

En acceptant que l'éducation aie un coût, une valeur quantifiable, on accepte implicitement les inégalités sociales car, même si tu dis qu'il y a des familles modestes qui ont envoyés leurs enfants à ton ancienne école secondaire, il est clair que la majorité de la population n'a pas les moyens d'investir 3000 dollars par an pour envoyer un seul de leurs enfants dans cette institution ultra-conservatrice. Maintenant, si ces familles modestes réussissent à en envoyer un, pourront-elles en envoyer un deuxième?

L'affirmation selon laquelle « le nivellement par le bas c'est indéfendable » est souvent employé pour soutenir des positions élitistes. Dans ce cas-ci, tu affirmes que « Notre-Dame demeure une des meilleures institutions d'éducation ». Ici, j'ai de sérieux doutes sur la véracité de tels propos et encore plus lorsque tu mentionnes ta source.

Le palmarès annuel de la revue L'Actualité est probablement la dernière référence à laquelle j'aurais recours pour choisir l'école de mes futurs enfants. Je ne sais pas si tu as remarqué, mais il faut lire jusque très bas dans la liste pour y trouver le nom d'une école publique francophone (numéro 45, École secondaire Marcellin-Champagnat). Pour n'avoir fréquenté que des écoles publiques durant toute ma vie, j'ai vraiment de sérieux doutes sur l'objectivité de leur palmarès. De toute façon, le simple fait de publier ce genre de palmarès représente un refus catégorique d'aspirer à une société dans laquelle tous les membres bénéficient de chances égales.

Ici, je ne parle pas de nivellement par le bas, parce que j'ai de sérieux doutes sur la supériorité des écoles privées, dont Notre-Dame, sur les écoles publiques. Je parle du devoir des institutions les plus importantes de notre société, comme Hydro-Québec, d'établir comme priorité l'enrichissement collectif plutôt qu'individuel. Cependant, il faut dire que l'école publique que j'ai fréquentée a déjà occupé le dernier rang de ce palmarès, alors peut-être que c'est moi qui s'est fait lavé le cerveau.

jeudi 1 octobre 2009

Délabrement

La réalité nous saute aux yeux lorsque l'on jette un regard depuis la route.
Délabrement et ennuie.
La civilisation humaine amorce son déclin.
Il y aura eu des jours meilleurs, mais ceux-ci sont bel et bien derrières.
Depuis la route, lorsque l'on regarde le paysage, on se rend compte immédiatement que l'on roule tout droit vers le fossé.
La beauté du monde n'est désormais que fiction.