jeudi 19 novembre 2009

Écrire Sa Pensée

Il semblerait qu'encore une fois, aux nouvelles (et en première page du chef de file en la matière, le Journal de Montréal), on ait parlé du fait français au Québec, non pas de l'importance de conserver la langue et la culture qui nous est propre, mais plutôt du nivellement par le bas que l'on fait en acceptant de plus en plus de fautes d'orthographes dans notre société, de l'école au monde professionnel en passant par le monde des affaires et même de la publicité.

C'est une chose d'être inventif et de faire des jeux de mots, il en est tout autre que de tolérer la médiocrité et de viser le plus bas possible plutôt que d'élever le discours (et le public moyen) d'un cran.

Boileau disait:
Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire viennent aisément
Si on ne peut pas épeler les mots comme il le faut ou, pire, si on confond un mot pour un autre, comment peut-on avoir les idées claires? Il y a une sacrée marge entre ''qu'un gars qu'on aime'' et ''qu'un gars con aime'', et ceux qui ne peuvent pas la remarquer n'aiment que des cons - et on revient à récompenser la médiocrité. Ça fait un monde de brebis sans cervelles, de fans du Canadien qui n'a plus besoin de gagner pour faire de l'argent, de voteurs de Parti Libéral quand on a peur d'avancer et d'ADQ quand on a peur des étrangers.

Je ne suis pas le plus grand fan des Cowboys Fringants, mais quand même:
(...) Mais quand je r'garde ça aujourd'hui
Chu donc pas fier de ma patrie
Ça dort au gaz dins bungalows
Le cul assis su'l statut quo

Dans ce royaume de la poutine
On s'complait dans' médocrité
Bien satisfaits de notre routine
Et du bonheur pré-fabriqué (...)

Si c'est ça l'Québec moderne
Ben moi j'mets mon drapeau en berne
Et j'emmerde tous les bouffons qui nous gouvernent!
Si tu rêves d'avoir un pays
Ben moi j'te dis qu't'es mal parti
T'as ben plus de chances de gagner à' loterie (...)

Si t'es content de ce pays
Ben ça mon homme c'est ton avis
Tu dois être le PDG d'une compagnie

C'est ça l'problème de ma patrie
Y'a pas personne pour s'indigner
Contre la fausse démocratie
Qui sert les riches et les banquiers

Dans cette contrée peuplée d'ignares
'Faut pas trop s'rappeler d'son histoire
Ici y'a juste les plaques de char
Qu'y ont encore un ti-peu d'mémoire...

Si c'est ça l'Québec moderne
Ben moi j'mets mon drapeau en berne
Et j'emmerde tous les bouffons qui nous gouvernent!
Si c'est ça qu't'appelles une nation
Probable que tu sois assez con
T'es mûr pour te présenter aux élections...
On a les gouvernements que l'on mérite, c'est plus souvent qu'autrement vrai. Mais il faudrait un leader, un meneur, quelque part, qui se lève et éduque notre crisse de masse épaisse pour nous sortir de cette impasse culturelle, sinon, à quoi bon sauver la culture, si elle se limite à Céline Dion, le Centre Bell et ce que Québécor nous dit d'aimer?

Ici, un post de Matante Fuck Off (que je lis régulièrement), plus sobre et moins négatif que le mien, qui m'a tout de même inspiré cette diatribe. Aussi à lire: les commentaires après ses textes, tout aussi incisifs et éclairés, qui ajoutent souvent au texte même.

Et puisque j'ai versé un peu dans la politique, Monsieur Réponse nous conseille de se tourner vers l'anarchie, quoiquequ'une anarchie assez spéciale...

lundi 16 novembre 2009

Ça Prend Des Mots Pour Faire Des Phrases

Tu sais, y'a 6 lecteurs avoués ici. Peut-être aussi des anonymes qui regardent de temps en temps. Mon blogue perso en français n'en a pas un seul, celui où je nomme les décorations que j'ai dans mon bureau en a un (!), comme mon blogue principal en anglais (quoique celui en anglais a des commentaires d'une bonne demi-douzaine de personnes différentes, mais ils ne daignent pas s'y abonner publiquement).

Et anyway... public ou pas, pour un blog, c'est moyennement (pas) grave, parce que si public il y a à avoir, il pourra lire tout ce qui a été publié précédemment, un peu comme quand on était au Cégep et que les filles se sont mises à lire Milan Kundera - une chance qu'il n'a pas attendu à 1998 pour se mettre à écrire, parce qu'on aurait perdu des dizaines de ses textes (dont L'Insoutenable Légèreté De L'Être) à se mettre sous la dent.

Les mots publiés qui ne passent pas au feu restent, comme les dessins dans les cavernes, comme les traces de cassures et de fêlures sur nos os, comme les peines d'amour dans nos coeurs. Et comme lire, ça se fait relativement vite, on peut se taper une intégrale assez rapidement si elle vaut la peine et si elle se laisse dévorer - un peu comme un bon steak saignant ou une fille de qualité.

Et ils peuvent être repris ailleurs aussi, dans des ouvrages de référence, des livres, sur d'autres sites web, dans des journaux - intégralement ou en étant retouchés (tu me connais, je préfère ne pas me mêler d'un texte une fois qu'il est terminé, mais si tu le voulais, la possibilité existe de le faire). La vie d'un texte ne se limite pas au premier endroit où il a été publié.

Moi, ce qui me gosse le plus quand il n'y a personne, c'est pour un événement, une performance, un show - quelque chose qui ne se reproduira plus jamais de la même façon - comme mes shows. Et y voir le même monde tout le temps, ça fait que je n'ai plus le goût de les faire payer pour venir me voir - tu ne peux pas, moralement, t'abreuver sur le sang de tes fidèles indéfiniment.

On a un bon dialogue ici, même si des fois je vise un peu plus à droite que je ne le pense vraiment dans le seul but - avoué - de te faire réagir.

Pis, comme tu me le disais au début: c'est pas grave, si c'est bon, ''ils'' vont venir. Laisse-les.

Sinon, au pire, les extra-terrestres qui découvriront notre civilization quand il sera trop tard (2015?), eux, se rendront compte de la pertinence de deux impertinents amis à la mort (et à la moelle) malgré le fait qu'ils sont séparés par une superpuissance dont la capitale commence par un W (''Winnipeg, zénéral?'').

dimanche 15 novembre 2009

Crisse... J'ai l'impression que notre blog agonise et je ne sais plus quoi faire...

Crisse de Sébastian... Tu avais tellement raison quand tu disais que cela (j'aime dire cela, "tiens", cela me donne l'impression que je parle correctement) te faisait chier quand tu arrivais devant une foule de ... 25 personnes. Tu me disais que c'était bien mais... Moi je ressens la même chose. Écoute... Écrire, ce sont des idées. Je suis sûr que pour toi c'est la même chose. Tu ne te sens pas écouter. Le problème c'est le même pour toi que pour moi: On ne nous écoute pas. Alors il faut cracher...
.

dimanche 8 novembre 2009

En autant que ce soit un complot... oui.

Mon message sur le sujet ne sera pas très long parce que je trouve que, dans le fond, ce n'est pas un sujet qui mérite une attention énorme. On va donc faire la part des choses. On va donner raison aux deux grands intellectuels de La Presse. On va donc vacciner les joueurs de hockey en premier pour faire plaisir à l'auteur de Snappent pis Bourdonnent.

Sauf que, pour faire plaisir aux Francs Tireurs, on va les vacciner en partant de ceux qui possèdent le plus les caractéristiques du segment "femmes et enfants" de la population, en allant jusqu'au plus homme. Ça veut donc dire que Carey Price va être vacciner en premier et que George Laraque ne sera pas vacciner avant les bénéficiants des bonnes causes qu'il parraine.

Maintenant, faut juste espérer que la théorie du complot soit vraie et que le vaccin soit réellement un moyen de diminuer la population de la planète. De cette façon, on va tous en sortir gagnant: Halak va devenir notre gardien numéro 1 et Laraque va enfin avoir sa chance de nous éblouir chaque samedi soir avec ses savoureux combats de boxe. Personnellement, je trouve que ce sont eux les moins femmes et enfants de l'équipe et ils ne méritent donc pas d'être vacciner en premiers.

Alors, si le vaccin est un complot des russes pour en finir avec les occidentaux, au sein du Canadien, je dirais que ce serait les Halak et les Laraque en derniers, les Latendresse et les Lapierre en avant-derniers et les Metropolit en avant-avant derniers. Alors oui, vaccinez-les autres en premier, en autant que ce soit un vaccin russe pour en finir avec nous.

samedi 7 novembre 2009

Vacciner Les Hockeyeurs En Priorité...

Salut, Alex.

Je voulais encore une fois parler d'un sujet d'actualité avec toi: vacciner les joueurs de hockey en priorité.

J'en parle sur mon blogue en français, et je vais le citer plus bas, mais je tiens à ajouter que moi, je ne m'y soumettrai pas.

Trop de niaiseries dans la liste d'ingrédients inactifs (au nombre de crevettes que je mange par semaine, j'ai ma dose de mercure, merci quand même!), actifs (youppi, un adjuvant, juste quand on sait que cette souche particulière de la grippe aime particulièrement les systèmes immunitaires renforcés!) - sans compter que le vaccin a plutôt été conçu pour la grippe H5N1 (la grippe aviaire, pas porcine, ce qui revient à regarder l'Orange Mécanique au lieu de Peau De Banane), ni qu'il n'a pu bénéficier des 2 à 5 ans habituellement requis de tests avant sa mise en marché.

Oh, et aussi parce que le manufacturier principal, Glaxo-Smith-Klein, ou GSK pour les intimes, est un de mes anciens clients pharmaceutiques chez Head - un christ de croche à part ça, côté éthique.

Tout ça pour mener au sujet du jour.

Comme je le dis dans mon texte, Réjean Tremblay approuve, Patrick Lagacé pas.

Et mes arguments:
Les raisons contre, elles sont faciles à trouver: égalités sociales, soigner les plus à risques point-de-vue santé en premier (les enfants, les asthmatiques graves, la veuve et l'orphelin).

Sauf que les sportifs sont également très à risque.

Ils suent ensemble ou l'un contre l'autre, partagent chambres d'hôtels, vols d'avions (des incubateurs à maladies s'il en est), toilettes plubliques, douches, bouteilles d'eau ou des Gatorade et travaillent dans des espaces restreints. Et dans leur temps libres, de jour, visitent des enfants malades dans des hopitaux et, de par leur statut social, le soir, ensorcellent nos jolies demoiselles dans les bars.

Dans le seul but de sauver les enfants malades et les jeunes femmes à la cuisse légère qui, elles, pourrainet ensuite contaminer moult musiciens et quelques saoulons ici et là, les joueurs de hockey doivent absolument passer en premier.

Bon, on dira qu'ils seraient ainsi privilégiés parce qu'ils sont riches, mais, justement, puisqu'ils sont riches, ils sont aussi plus taxés et imposés que le commun des chômeurs - et paient ainsi plus que leur part des effectifs médicaux.

Donnez-leur une centaine de doses et laissez leurs médecins (ceux que les équipes professionnelles paient à grands coûts) les leur administrer - on ne nuira ainsi donc pas au système, puisqu'on garderait les médecins québécois et les infirmières pour le grand public, tout en protégeant la santé de nos héros sur patins.
Curieux de connaître ton opinion...

mardi 27 octobre 2009

El Partido Liberal de Québec en la “lista parcial” de los clientes del Rendon Group

Mientras investigaba sobre el involucramiento de algunas compañías de relaciones públicas norteamericanas en la guerra que hace Washington al gobierno de Hugo Chávez en Venezuela, me di cuenta que el nombre del Partido Liberal de Québec figuraba en la “lista parcial” de los clientes del Rendon Group. En una serie de tres artículos publicados en el diario mexicano La Jornada, durante el mes de agosto de 2009, el periodista José Steinsleger hace una describción panorámica de algunas de las actividades de dicha empresa.

En estos artículos, nos enteramos de que esta compañía ha participado en la campaña de desinformación que se realizó en el marco de la invasión norteamericana a Panamá en 1989 (la cual, según el periodista, causó 7500 muertos). Es también el Rendon Group que se encargó, justo antes de la Guerra del Golfo, de elaborar la historia de la joven muchacha que habría sido testigo de la incursión de soldados iraquíes en una clínica kuwaitiana en donde éstos habrían matado a quince bebés. Al respecto, José Steinsleger afirma lo siguiente:
“No satisfecho con la cifra, el comité de Asuntos Exteriores del Senado elevó a 312 el número de bebés asesinados, y la opinión pública estadounidense quedó abrumada”. El periodista continua diciendo: “El 12 de enero de 1991, el Congreso autorizó la invasión militar a Irak. El periodista Alexander Cockburn probó en su columna de Los Angeles Times que la historia de los bebés era una farsa. Tarde. Las bombas cayeron sobre Bagdad y los “corresponsales de guerra” en Jordania y Arabia Saudita “transmitieron” la masacre aérea desde sus hoteles así como nosotros la vimos en nuestras casas, cómodamente sentados” (http://www.jornada.unam.mx/2008/08/06/index.php?section=opinion&article=020a2pol).


José Steinsleger menciona varios otros casos de manipulación mediática como el episodio de los soldados iraquíes que se rindieron arrodillados ante los soldados estadounidenses “pidiendo perdón”, las “20 mil tarjetas con el mensaje “Gracias por liberarnos de Hussein”” mandadas a los soldados norteamericanos estacionados en Kuwait sin la participación de un sólo kuwaitiano y las imágenes de las tropas estadounidenses recibidas en las calles de la capital del emirato por los habitantes del lugar, con miles de banderitas estrelladas distribuidas por la empresa durante la primera guerra de Irak (ídem).

El autor sostiene que, más recientemente, el Rendon Group habría elaborado “la patética historia de la soldado Jessica Lynch, de 19 años, y su rocambolesca operación de rescate del hospital Saddam Hussein de Bagdad. Jessica fue capturada en 2003 durante una batalla sangrienta, se resistió como una leona y fue maltratada y violada por sádicos médicos iraquíes. Mentiras -dice el autor. Los médicos iraquíes donaron su sangre para salvar la vida de Jessica, y las tropas especiales se la llevaron del hospital sin disparar un tiro” (ídem).

Creo que es importante informar la opinión pública quebequense sobre las actividades del Rendon Group para que ésta pueda plantear las preguntas apropiadas. A mi parecer, éstas deberían de ser:

¿Con qué fin el Partido Liberal de Québec contrató los servicios de esta empresa?

¿De qué naturaleza son las operaciones de relaciones públicas que han sido realizadas por la empresa a cargo del Partido Liberal de Québec?

¿Cuáles son los costos de contratación de una multinacional norteamericana tan importante y con qué recursos se pagan?

¿En qué medida nuestra sociedad puede aceptar que el partido que la gobierna o cualquier otro partido haga negocios con profesionales de la manipulación de masas, sobre todo cuando estamos conscientes de la magnitud de sus operaciones?

Para concluir, recomiendo fuertemente al lector que vaya a visitar la página de Internet en la cual aparece la “lista parcial” de los clientes de la empresa. Algunas informaciones sobre las operaciones que el Rendon Group ha efectuado por algunos de sus clientes están disponibles, pero no en lo que trata del Partido Liberal de Québec. De manera general, podemos constatar que el grupo se encarga de reconstruir la imagen en crisis de algunas empresas o gobiernos, hacer la promoción de la privatización y montar campañas de “comunicación” en contextos de conflictos internacionales. En sus dos otros artículos, José Steinsleger documenta las actividades de la empresa en Venezuela y en Colombia:

www.jornada.unam.mx/2008/08/27/index.php?section=opinion&article=024a2pol

www.jornada.unam.mx/2008/08/13/index.php?section=politica&article=019a2pol

lundi 5 octobre 2009

De la démocratie, des droits... et du Collège Notre-Dame

Je vais essayer d'être très bref cette fois-ci, même si, comme tu le dis, «ce débat épique n'est que toile de fond pour un débat plus large, plus profond». Quand tu me dis «il faut savoir choisir ses cibles», je voudrais préciser ici que ma cible ici n'est pas le Collège Notre-Dame, mais plutôt ceux qui décident de donner à cette institution privée de l'argent qui doit aller vers le public.

Ce qui est dit dans La Presse sur l'utilisation éventuelle et hypothétique de ces fonds n'est en fait qu'une déclaration. Comme je t'ai dit, il est possible que cet argent aille dans "les infrastructures", mais comme il s'agit d'une institution privée, qui n'a aucun compte à rendre sur la place publique, il n'y aura pas moyen de le savoir, à moins de faire une enquête à la J.E.

De toute façon, l'argent que le secteur public génère doit d'abord servir a l'enrichissement de notre collectivité par le biais des infrastructures de l'État. Si l'argent de Hydro-Québec va financer l'éducation, cette éducation devra être publique et non pas privée et encore moins si cet argent est octroyé dans le but d'évader des impôts en utilisant le Collège Notre-Dame comme abri fiscal parce que, dans ce cas, c'est toute notre collectivité qui se fait voler deux fois plutôt qu'une.

Quand je «place Notre-Dame au même niveau qu'une entreprise comme Labatt», je le fais parce que, tout comme Labatt et Harvard, Notre-Dame doit s'adapter au marché pour survivre ce qui fini par jouer un rôle prépondérant dans le contenu de ses programmes. Des fois cela produit même des choses pas trop mauvaises, comme par exemple le fait que désormais pratiquement tous les professeurs du collège en question situé à Montréal sont laïcs. Toutefois, si on adopte un point de vue global, cela crée un système d'éducation à deux vitesses: une vitesse pour ceux qui ont les moyens de se permettre de payer 3000$ par année pour des frais de scolarité et une autre pour le reste. Avant 1965, l'éducation c'était l'affaire des religieux et les canadiens français n'y avait pratiquement pas accès. C'est à force de luttes sociales très difficiles que celle-ci a pu s'universaliser un tant soit peu.

Ceci nous amène à parler de démocratie. Tu sais que je ne suis quand même pas naïf au point de parler de démocratie dans le sens qu'on donne au régime de la Grèce Antique qui excluait les femmes et qui avait son système d'esclavage. Je ne suis pas non plus assez imbécile pour croire que la démocratie c'est le système qui donne cours à la domination hégémonique qu'exercent les États-Unis sur le reste du monde.

La démocratie n'est pas une fin en soi, sinon une lutte constante des peuples pour leur inclusion dans la prise de décisions en ce qui concerne le sort de leur collectivité. On pourrait paraphraser Nietzche en disant, «si tu rencontre la démocratie, tue-la, ce n'est pas elle». Par définition, la démocratie ne peut être imposée par l'élite. Les luttes sociales qui ont eue lieu lors de la révolution tranquille sont un exemple de combats démocratiques, mais cela ne signifie pas qu'au Québec la démocratie soit le décors dans lequel notre quotidien se déroule.

En fait, la révolution cubaine était aussi, au départ, un ensemble de combats démocratiques et c'est l'essence même de ces luttes qui fait en sorte que ce régime ne soit pas plus dictatorial qu'il ne l'est en ce moment. C'est-à-dire que ce régime ne pourrait pas demeurer en place si les demandes populaires en faveur d'une universalisation de la santé, de l'éducation et de certains besoins essentiels n'avaient pas été satisfaites dans une certaine mesure.

En d'autres mots, la démocratie c'est à nous de la construire tous les jours de notre existence en luttant pour notre souveraineté en tant que collectivité. Cette lutte quotidienne est celle que nous menons pour faire valoir nos droits. Ceci étant dit, je suis tout à fait d'accord avec le discours de George Carlin, toutefois, je crois que l'interprétation que j'en fait diffère énormément de la tienne.

George Carlin déplore l'absence de droit et attire l'attention sur le fait que les «droits» qui nous sont accordés par les secteurs de pouvoir sont absolument fictifs. Ceci est dû au fait qu'ils nous dominent et s'arroge le «droit» de nous dire ce qu'on a «le droit de faire et de ne pas faire». Bien entendu, ils le font dans le but de se maintenir au pouvoir et non pas dans le but d'améliorer le sort de notre collectivité. Ces «droits», qui sont un peu comme des miettes de pains que l'on jetterait aux oiseaux dans un parc, ne sont en effet que des «privilèges», c'est-à-dire une sorte de manifestation de la "bonté" du dominant envers le dominé.

Le dominant n'a aucun intérêt à nous donner de vrais droits. Les vrais droits sont le fruits de luttes collectives extrêmement ardues et, une fois qu'ils sont acquis, notre collectivité se doit d'être continuellement alerte afin de ne pas les perdre. C'est en ce sens que les intérêts «privés» sont incompatibles avec les intérêts de notre collectivité. Chaque fois que l'argent public est dirigée vers des intérêt privés, c'est toute notre collectivité qui perd du pouvoir, qui s'appauvrit et c'est notre marche vers la démocratie qui fait un pas en arrière.

Notre-Dame Qui Êtes Odieux

Ouais, bon, je pense qu'on peut s'entendre qu'à tout le moins, ce débat épique n'est que toile de fond pour un débat plus large, plus profond.

J'aime que tu tires sur tout ce qui bouge; en l'absence d'un Falardeau, si on veut le faire notre crisse de pays, faut voir l'ennemi et être prêt à le contrer dès qu'il ouvre sa trappe. Tu as l'oeil, c'est entendu, mais il faut aussi savoir choisir ses cibles.

Quand tu places Notre-Dame au même niveau qu'une entreprise comme Labatt, ou, mettons, que les écoles privées américaines telles Harvard dont le seul but est de ''faire la piasse'', je crois que tu ne saisis pas de qui il s'agît ici.

Les propriétaires ne sont pas une compagnie à numéros ni des experts en finance; c'est la congrégation des Frères de Sainte-Croix, les religieux qui ont bâti (et sont les propriétaires) de l'Oratoire Saint-Joseph, et de pas mal toutes les écoles qui portent le nom ''Notre-Dame'' en leur sein. Ils n'ont aucune autre activité que l'enseignement et de faire vivre le peu de religieux qui reste sous leur enseigne. Avec tout ce que ça implique de bon et de mauvais - surtout 40 ans après la Révolution Tranquille - mais rappelle-toi que le gouvernement décide de ce qui s'enseigne, et il n'y a donc pas de lavage de cerveau religieux dans leurs cours (en fait, les profs sont tous laïcs depuis bien longtemps).

D'ailleurs, il me semble que le dernier prof religieux à y avoir sévi est le Frère Jérôme - signataire du Refus Global, de Prisme D'Yeux et des Plasticiens.

L'argent recueilli, donc, paie les installations, les infrastructures. C'est pas mal juste là que l'école diffère des autres - elle en a tellement. Et l'argent d'Hydro, justement, était destiné aux infrastructures du côté de la Côte Sainte-Catherine, où se trouvent l'aréna, le terrain de football et l'Atelier du Frère Jérôme (qui accueille toujours des visiteurs même si le frère lui-même est décédé en 1994). C'était dans La Presse.

On parle (tu parles en fait, moi, j'évitais, mais c'est vrai qu'on y est presque) de démocratie, d'égalité, mais en 2009, je me demande vraiment où elle en est, la Démocratie. On parle de laquelle, celle des Grecs, l'Originale, qui excluait les femmes? Celle des Américains, qu'ils exportent à coup de guerres, bâtie sur des racines racistes et sexistes qui permet à un gars qui perd ses élections de devenir Président quand même? Ou tu parles de la Démocratie Canadienne où le gars qui prend toutes les décisions n'a même pas reçu l'appui de 15% de la population du pays mais mène le bal pareil parce qu'il a eu (à peine) plus de votes (pour les gens qui ont daigné voter) que ceux des trois autres partis, mais qui a eu moins de votes que ceux de n'importe quels deux autres partis (ah, si seulement le Bloc et le NPD avaient autant de couilles que d'intégrité!)

Pour vrai, la démocratie, c'est beau dans les livres théoriques, mais dans les faits, ça ne marche pas. J'aurais beaucoup plus confiance en un système comme à Cuba qu'en notre semblant de démocratie. Tu mentionnes le mot ''droit'', comme si on en avait... mais je traduis librement un extrait du dernier show de George Carlin avant sa mort:
Ça n'existe pas des droits, c'est imaginaire. Comme Pinocchio et les contes de fées, ce sont des idées, de belles idées, oui, mais fictives. Si vous pensez avoir des droits, laissez-moi vous demander d'où ils viennent. Ils viennent de Dieu? Non. (...)

Pourquoi chaque pays a-t-il un nombre différents de droits? Pourquoi en avons-nous 10 alors que les Britanniques en ont 13, les Allemands 29, les Belges 25, les Suédois en en 6 et certaines personnes sur la planète n'en ont aucun. Pourquoi certains gens en ont-ils un nombre différent? On s'emmerdait? On ne sait pas compter? (...) On dirait plus un groupe qui tente de contrôler un autre groupe - ''business as usual'', comme on dit en Amérique.

Si vous croyez toujours que vous avez des droits, allez chercher sur Wikipedia, tappez ''Japano-Américains 1942'' et vous verrez ce que les autorités pensent de vos précieux droits. En 1942, le gouvernement a mis 110 000 bons citoyens, qui payaient leurs impôts et suivaient les lois, dans des camps de concentration, juste parce que leurs parents étaient nés dans le mauvais pays. C'est tout ce qu'ils avaient fait de mal.

Ils n'ont pas eu droit à un avocat, pas eu droit à un procès juste et équitable, pas droit à un jury formé de leurs pairs, aucun droit. (...) Le seul droit qu'ils avaient: Droit Devant - dans le camp.

Juste au moment où les citoyens américains avaient le plus besoin de leurs droits, le gouvernement leur a enlevé. Les droits ne sont pas des droits si quelqu'un peut vous les enlever. Ce sont des privilèges, et si vous lisez ne serais-ce qu'une fois de temps en temps les journaux, vous vous rendrez compte qu'à chaque année, la liste diminue et se rétrécie. (...)

De deux choses l'une: ou bien nous avons TOUS les droits, ou bien nous n'en avons aucun.
- tu peux le voir ici, rends toi à 4:15

Peut-être que c'est seulement parce que je suis dans une mauvaise passe, que je ne vois pas le côté positif des choses, je ne vois pas l'avenir comme étant prometteur. J'ai un ami, Mark, qui dit, en parlant de démocratie, qu'elle a fait son temps et qu'elle a prouvé être inefficace. Non seulement une organisation comme l'ONU ne sert à rien d'autre que d'envoyer des lettres à des chefs de pays dangeureux (en plus de leur offrir une plate-forme où s'exprimer), mais elle plie constamment devant un pays qui se targue d'être un Champion De La Démocratie où 49% de la population a choisi George W. Bush pur décider de leur sort et les représenter comme le visage de leur nation, où plus de 51% des gens sont contre le droit à l'avortement et les marriages homosexuels, où un plan se santé simple va perdre malgré une majorité écrasante de voix au Sénat (59 voix), à la Chambre Des Représentants (61 voix) et un veto au Président... il y en a sérieusement là-dedans qui méritent de perdre leur droit de vote.

Ou peut-être méritent-ils une meilleure éducation. Moi, je les enverrait dans une institution qui a instruit Félix Leclerc, Rudy Caya, Diane Dufresne, Gregory Charles, le Frère André, et moi-même - en plus de coûter moins cher que d'étudier aux States, ils reçoivent des dons annuellement!

dimanche 4 octobre 2009

Notre-Dame : Ce n'est pas fini tant que ce n'est pas fini...

J'ai l'impression que ce sujet-là vient toucher une corde sensible et que ça va être difficile d'en finir : de mon côté, je vois comment il est désormais à la mode autant en Amérique du nord comme en Amérique Latine de délaisser le financement de l'éducation publique sous prétexte qu'il s'agirait d'un investissement stérile pendant que personne ne critique le financement octroyé par l'État à des institutions d'enseignement privées (lire dont le but premier est de faire de l'argent en vendant de l'enseignement); et de ton côté, c'est ton ancienne école secondaire, celle qui s'est chargée de construire ta connaissance ainsi qu'une partie de ton identité au cours d'une étape de ta vie dans laquelle ces deux éléments sont primordiales dans ton cheminement personnel. Toutefois, ne perds pas de vue qu'elle l'a fait à un prix exorbitant.

Je commencerai par répondre à la question suivante, celle qui clôture ton article et qui m'oblige en quelque sorte à ne pas passer à autre chose :
«s'il faut niveler par le haut et non par le bas (ce que nous prônons tous deux), pourquoi faut-il s'attaquer au haut avant d'améliorer le bas?»


La réponse est très simple : parce que, en démocratie, tous les citoyens sont censés être dotés de droits et de responsabilités. Afin de jouir de leurs droits, ceux-ci doivent d'abord assumer leurs responsabilités. En ce qui concerne la question qui nous intéresse plus particulièrement, la responsabilité citoyenne doit être assumée en fonction des moyens du contribuable. Par conséquent, si ceux qui se trouvent en haut gardent tout l'argent, il sera extrêmement difficile de niveler tout court, que ce soit par le haut ou par le bas.

Alors, il est primordiale que les profits d'Hydro-Québec (qui soit dit en passant appartiennent à tous les québécois, ceux d'en haut et ceux d'en bas confondus) doivent servir à enrichir la collectivité dans son ensemble, c'est-à-dire ce qui est du domaine public et non privé.

En ce sens, le fait que Notre-Dame soit privée lui enlève son statut d'école. Avant d'être une école, il s'agit d'une entité privée dont l'objectif principal n'est pas de faire avancer la collectivité, mais plutôt de s'enrichir en vendant de l'éducation à des familles qui ont le pouvoir d'achat pour se la permettre.

Par conséquent, ce n'est pas «une compagnie qui donne de l'argent à une école», mais plutôt, une société d'État dont la raison d'être est d'enrichir notre collectivité qui donne de l'argent à une compagnie et, par dessus le marché, une compagnie qui a formé celui qui s'est chargé de mettre la main dans les profits de l'entreprise nationale d'électricité.

Je suis tout à fait d'accord pour dire que ce serait une bonne chose que Hydro-Québec finance les écoles. J'irais même jusqu'à dire que ce serait moins pire si le président de Hydro-Québec, dans le cas hypothétique où celui-ci proviendrait du système d'éducation public, décidait de donner de cet argent à son ancienne école secondaire.

Toutefois, ce type de situation serait pratiquement impossible pour deux raisons. La première est que les écoles secondaires publiques ne disposent pas des fonds et autres ressources suffisantes pour faire pression sur un haut cadre de Hydro-Québec afin d'obtenir des privilèges de leur ancien élève.

La deuxième est qu'elle font partie d'un «système» qui permet une certaine homogénéisation des salaires, des fonds qui leur sont destinés, etc. Cela veut dire que, si on donne de l'argent à une école publique, on est obligé de donner à toutes.

En d'autres mots, le système d'éducation publique accompli un travail «nivélateur» de par son essence même. Si notre collectivité décidait qu'une grande partie des profits de Hydro-Québec devait aller au financement du système public d'éducation, tu peux être sûr qu'ils auraient mon vote.

Toutefois, si Hydro-Québec se lance dans la pseudo-charité en garrochant un petit 250 mille piasses sans nous demander la permission à une entreprise qui vend des diplômes pour que son président se donne bonne conscience, je me sens en droit de m'insurger.

«Bon, bémol en partant: je ne parle pas de Pepsi qui sponsoriserait un cours sur l'Histoire 101 Pepsi où chaque homme de Cro-magnon serait dépeint avec une bouteille dudit breuvage, mais bien d'une société d'État qui donne du cash sans rien demander en retour (et sans rien obtenir, non plus) dans le seul but d'aider cette école?»


Je vais répondre très vite à cela. Il est naïf de croire qu'on est en présence ici «d'une société d'État qui donne du cash sans rien demander en retour dans le seul but d'aider cette école». Il s'agit plutôt d'un particulier qui prend l'argent de la société d'État pour la donner à son ancienne école privée. Peut-être que lui ne demande rien en retour, mais pour qu'il décide de leur donner du cash, est-ce que son école lui aurait demander quelque chose en retour de l'éducation qu'il leur a pourtant acheter? Peut-être que non, mais le simple fait que ce scénario soit possible nous fait réaliser le degré d'irresponsabilité de l'homme en charge d'administrer les profits de la ressources qui nous a fait sortir du tiers-monde, en l'occurrence, Thierry Vandal.

Le simple fait que le bonhomme aie reçu son diplôme de cet endroit-là constitue un retour d'ascenseur. En d'autres mots, ce n'est pas dans le but d'aider l'école, c'est dans le but personnel de montrer sa loyauté.

De plus, le fait que l'école soit privée nous empêche de connaître la nature exacte des dépenses qui vont être faites avec cet argent. C'est-à-dire qu'ils n'ont aucun compte à nous rendre et, même si l'argent était utilisée de la meilleure façon possible, on en aurait aucune garantie, de là le danger de destiner des fonds publics au secteur privé. Un tel risque pourrait avoir des conséquences vraiment graves quand on tient compte du fait qu'il s'agit de quelque chose d'aussi important que l'éducation dont on parle.

Sur ce, j'ai l'impression que, si tu crois les questions que je pose sont moins «profondes» que celle que toi tu te poses, j'ai dû m'exprimer très mal. «Comment enrayer les conflits d'intérêts?»; «Pourquoi le PDG de Hydro n'est-il pas le produit du système public?» et «s'il avait été issu du système public et qu'il aurait subventionné son ancienne école - y aurait-il matière à scandale?» ne représentent que des détails en comparaison de ce que j'essaie de te faire comprendre.

En arrière-plan de mon argumentation on retrouve des questions comme les suivantes: «Quel type de société voulons-nous? Une société qui aspire à l'égalité ou une société dans laquelle riches, en y contrôlant les rouages, continueront de s'enrichir et les pauvres de s'appauvrir?»; «De quelle façon faut-il répartir la richesse collective?»; «Qui doit se charger de la répartir?»; «Comment s'assurer qu'elle est bien répartie de la façon dont les citoyens ont souhaité qu'elle se répartisse?»; «À quoi sert l'État?»; «À quoi sert l'éducation?»; «À quoi sert Hydro-Québec?»; «Comment démocratiser Hydro-Québec?» (qui serait, à mon avis, la plus intéressante); etc.

En terminant, si tu déplores «que ledit scandale ait forcé Notre-Dame à laisser tomber le financement (qu'il avait besoin, soit dit en passant)», ne t'inquiète pas trop. Étant donné que le statut privé de l'école Notre-Dame lui donne le pouvoir de décider comment elle utilise son budget, ce serait le moment ou jamais pour l'institution de diminuer certaines dépenses inutiles, comme par exemple les salaires de ceux qui se trouvent au sommet de sa propre hiérarchie et de prêcher par l'exemple en tant que «personne morale».

Comme le dit un de mes profs: "il ne faut pas voir la crise comme un problème, sinon comme une opportunité". Si Notre-Dame avait vraiment besoin de cet argent, on peut dire qu'elle se trouve devant une belle opportunité de se renouveler. Toutefois, si elle a décidé de refuser cet argent, c'est tout simplement parce que l'accepter l'aurait obligé à défendre l'indéfendable face à notre collectivité.

samedi 3 octobre 2009

Pour En Finir (?) Avec Le Financement Des Écoles (Dont Notre-Dame)

Enfin, te voici revenu dans le monde réel! Je salue ta présence et ton retour...

Je m'attendais à te voir grimper dans les rideaux, c'est vrai. Défendre le droit commun devant le droit personnel, oui. Je te connais bien, et, en général, je m'accorde assez bien à ton diapason.

Nous voulons les mêmes choses: un pays libre, dans notre langue, qui respecte non seulement nos valeurs mais celles de nos concitoyens (peu importe leur origine), élever le niveau du discours, sortir du marasme...

Mais pour vrai? Un scandale sur une 'compagnie' qui donne de l'argent à une école?

Bon, au moins admettras-tu qu'il n'y aurait pas de scandale si Hydro-Québec, notre compagnie à nous tous qui me charge, perso, à moi, trois fois le prix que je payais il y a sept ans pour 'notre' richesse naturelle, aurait aussi donné à une (ou des) école publique(s)?

Ne vas-tu pas admettre, par contre, que dans une société qui dépérit depuis quinze ans (et, ironiquement, un taux d'appui au souverainisme qui chute au même rythme, faut croire que les Québécois aiment se faire avoir), avec un état qui peine à survivre à ses promesses d'améliorer les soins de santé et l'éducation, que subventionner une (ou des) école(s) secondaire(s) est une bonne chose?

Bon, bémol en partant: je ne parle pas de Pepsi qui sponsoriserait un cours sur l'Histoire 101 Pepsi où chaque homme de Cro-magnon serait dépeint avec une bouteille dudit breuvage, mais bien d'une société d'État qui donne du cash sans rien demander en retour (et sans rien obtenir, non plus) dans le seul but d'aider cette école?

Si c'est le cas, je peux vivre avec le fait que j'y vois un pas dans la bonne direction et que tu y vois ''le mauvais'' pas. C'est sûr que c'est un peu croche, subventionner le privé (peu importe le domaine), mais, moi, les questions que je me pose sont plus profondes. Parmi lesquelles: comment enrayer les conflits d'intérêts? Ou: pourquoi le PDG d'Hydro n'est-il pas le produit du système public? Et: s'il avait été issu du système public et qu'il aurait subventionné son ancienne école - y aurait-il matière à scandale?

J'aime que toi, tu voudrais commencer par les plus petits problèmes - et peut-être as-tu raison. Moi, je préfère 'voir global' et voir comment ce cas-ci peut nous aider à avancer en tant que société, tout en déplorant que ledit scandale ait forcé Notre-Dame à laisser tomber le financement (qu'il avait besoin, soit dit en passant). Parce que notre société idéale, je l'espère, sera situé quelque part entre les deux, tout en partageant nos idéaux, parce que comme Bernard Landry et Pierre Falardeau, nous partageons presu'exactement les mêmes idées mais nous nous différencions dans l'application de celles-ci.

Faut dire que je suis issu du privé et toi du public; mon école a formé des gradués du Cégep, et la tienne, a fait partie des bas-fonds d'un classement qui ne veut rien dire - à preuve, tu es entré dans la trentaine, tu fais ta maîtrise à l'étranger dans une université réputée, et moi, la trentaine depuis un an, je me morfonds dans une job qui peine à me donner des heures et je vis mal (très mal).

On pourrait se demander la question-Bougon: c'est qui le cave? - et plus souvent qu'autrement, ce serait moi - le reste du temps, aucun de nous.

Tes points sont valides - en partie parce qu'ils sont aussi les miens. Ne me reste qu'une seule question: s'il faut niveller par le haut et non par le bas (ce que nous prônons tous deux), pourquoi faut-il s'attaquer au haut avant d'améliorer le bas?

vendredi 2 octobre 2009

Vieux mots tard que majais... Notre électricité et Notre-Dame

Comme tu t'en doutais sûrement, je suis en désaccord avec ton article sur de nombreux points. Il y en a vraiment beaucoup, parce que c'est un article avec beaucoup de contenu, ce qui est très bien en soi.
Alors, comme je te dis, elles sont nombreuses, il va donc falloir y aller dans l'ordre.

La première est celle-ci:

« Peut-être suis-je biaisé parce que moi aussi, j'y suis allé à Notre-Dame, et qu'ils m'y ont lavé le cerveau, mais, en soi, je vois beaucoup plus de points ''pour'' que de points ''contre'' cette histoire. »

En fait, tu ne vois pas plus de points « pour » que de points « contre ». L'idée de base de l'argumentation qui suit cette affirmation c'est, en quelque sorte, de justifier l'octroie d'une subvention de la part d'Hydro-Québec à une compagnie à but lucratif qui s'est donnée pour tâche de vendre très cher une éducation basée sur la foi à des parents d'adolescents qui ont les moyens de payer des frais de scolarité de 3000 dollars par an. Sauf que, pour justifier ce geste de la part de Thierry Vandal, tu ne te bases pas sur des « pour », mais plutôt sur l'idée que, dans une société aussi pourrie que la nôtre, ce genre d'aberration est monnaie courante et que, si l'argent est pour aller à une école secondaire, on n'a pas à se plaindre.

Par exemple, dans la phrase suivante, tu dis :

« Bon, on veut amener le débat vers un angle ''on privilégie les riches avec l'argent des pauvres'', et c'est en quelque sorte vrai, mais il y a probablement quand même autant (sinon plus) de gens moins aisés qui envoient leur enfant à Notre-Dame que de riches dans les écoles publiques (…) »

Tu concèdes alors qu'il est vrai que « l'on privilégie les riches avec l'argent des pauvres ». En ce qui concerne la véracité de cette affirmation j'aurais un bémol à apporter sur lequel je reviendrai sous peu. Toujours est-il que cela est un point « contre ».

La raison pour laquelle je dis que tu ne vois pas plus de points « pour » que de points « contre » est la suivante : ton texte a une symétrie quasi-parfaite. C'est-à-dire que, pour chaque point « contre », tu donnes un point « pour ». Le résultat est que tu finis par nous donner autant de points « contre » que de points « pour », sauf que, en plus, la prémisse de base que tu nous fais accepter, est que c'est toute notre société qui fonctionne de cette façon en disant que « le problème d'éthique en est un de société ». Comme il s'agit, selon tes propres mots, d'un « problème », on se retrouve donc avec un autre gros point « contre ». Ça nous donne donc comme résultat que tu vois plus de points « contre » que de points « pour ».

Ce dernier point « contre » n'est pas négligeable car cela signifie que c'est le fondement même du fonctionnement de la société québécoise qui doit être remis en question. Une société qui, comme on le sait, est sortie de sa condition de colonisée au cours du processus que l'on connaît désormais sous le nom de « Révolution tranquille », période durant laquelle la nationalisation de l'électricité a été un des facteurs les plus importants du développement économique et, a fortiori, social et politique accéléré qu'elle a connu.

Le bémol que je voulais apporter en ce qui concerne ton affirmation selon laquelle « on privilégie les riches avec l'argent des pauvres » est le suivant : ce n'est pas seulement avec l'argent des pauvres que l'on privilégie les riches, c'est avec l'argent de tous ceux qui paient des impôts et aussi de tous ceux qui devraient bénéficier des services de l'État.

Étant donné que, comme tu le dis, les grandes entreprises (qui, selon mes critères, n'appartiennent pas précisément aux classes pauvres et moyennes) ont recours à des abris fiscaux dans le but d'échapper à leur devoir de contribuable, et que les services qu'offrent l'État ont été mis en place dans le but de venir en aide à ceux qui n'avaient pas les moyens de se les payer sous leur forme « privée », c'est l'argent de tout le monde, sauf des riches, qu'une poignée d'individus riches décident de s'échanger. Comme tu le dis si bien : « est-ce la première fois que l'élite redonne à l'élite? Surtout une élite qu'elle connaît? »

Pour contre-balancer l'aspect négatif de cette affirmation, tu cites en exemple le cas de Dick Cheney et Halliburton aux États-Unis. Je suis désolé, mais ici, je ne vois vraiment pas le « pour » que tu nous apportes, sauf peut-être en soutenant que « c'est moins pire ». Cependant, quand on dit que c'est moins pire, ça veut nécessairement dire que ça pourrait être beaucoup mieux; si on l'accepte, c'est tout simplement parce que l'on n'a pas le choix. Selon moi, on est encore en présence d'un autre point « contre ».

Pour rester dans le sujet du « moins pire », tu nous dis que le cas de Thierry Vandal est moins pire que celui du PDG de BMO. Là-dessus, je ne suis pas tout à fait d'accord. La raison réside en ce que représente Hydro-Québec et l'éducation publique dans le processus historique, social, politique et économique de la société québécoise.

Je n'ai ni le temps ni l'espace de te montrer les statistiques sur le sujet, mais de toute façon, je sais que tu connais l'histoire et que tu n'as pas besoin que je te fasse un dessin pour que tu aies une idée des conditions et de la qualité de vie des québécois pendant l'époque de Duplessis afin que tu puisses la comparer avec la situation (quoique en déclin) actuelle. Sauf que, le fait que Hydro-Québec redistribue une partie de ses profits, aussi minime soit-elle, à une entreprises qui se dédie au commerce de l'éducation, ça représente une trahison à notre collectivité. C'est-à-dire, l'idée derrière la nationalisation de l'électricité était d'augmenter la richesse collective et non la richesse privée. Hydro-Québec a le mandat de nous rendre plus riches en tant que collectivité d'abord et ensuite en tant qu'individu.

De l'autre côté, le cas du PDG de BMO, quoique scandaleux, n'a pas vraiment à nous surprendre étant donné qu'il s'agit d'un individu qui se dédie, de façon privée, à acquérir du pouvoir en faisant de l'argent et à se servir de son pouvoir pour faire plus d'argent. Ceci constitue la raison d'être d'un homme d'affaire et c'est pour cette raison qu'il est important que l'État dispose des mécanismes légaux pour limiter leur voracité.

Pour ce qui est de la signification de l'éducation publique pour la société québécoise, rappelons que l'existence de collèges privés de quelconque niveau que ce soit nous met sans cesse devant le fait accompli que nous avons échoué dans la laïcisation de notre système scolaire qui avait pour but, lui aussi, de nous rendre plus riches en tant que collectivité.

En acceptant que l'éducation aie un coût, une valeur quantifiable, on accepte implicitement les inégalités sociales car, même si tu dis qu'il y a des familles modestes qui ont envoyés leurs enfants à ton ancienne école secondaire, il est clair que la majorité de la population n'a pas les moyens d'investir 3000 dollars par an pour envoyer un seul de leurs enfants dans cette institution ultra-conservatrice. Maintenant, si ces familles modestes réussissent à en envoyer un, pourront-elles en envoyer un deuxième?

L'affirmation selon laquelle « le nivellement par le bas c'est indéfendable » est souvent employé pour soutenir des positions élitistes. Dans ce cas-ci, tu affirmes que « Notre-Dame demeure une des meilleures institutions d'éducation ». Ici, j'ai de sérieux doutes sur la véracité de tels propos et encore plus lorsque tu mentionnes ta source.

Le palmarès annuel de la revue L'Actualité est probablement la dernière référence à laquelle j'aurais recours pour choisir l'école de mes futurs enfants. Je ne sais pas si tu as remarqué, mais il faut lire jusque très bas dans la liste pour y trouver le nom d'une école publique francophone (numéro 45, École secondaire Marcellin-Champagnat). Pour n'avoir fréquenté que des écoles publiques durant toute ma vie, j'ai vraiment de sérieux doutes sur l'objectivité de leur palmarès. De toute façon, le simple fait de publier ce genre de palmarès représente un refus catégorique d'aspirer à une société dans laquelle tous les membres bénéficient de chances égales.

Ici, je ne parle pas de nivellement par le bas, parce que j'ai de sérieux doutes sur la supériorité des écoles privées, dont Notre-Dame, sur les écoles publiques. Je parle du devoir des institutions les plus importantes de notre société, comme Hydro-Québec, d'établir comme priorité l'enrichissement collectif plutôt qu'individuel. Cependant, il faut dire que l'école publique que j'ai fréquentée a déjà occupé le dernier rang de ce palmarès, alors peut-être que c'est moi qui s'est fait lavé le cerveau.

jeudi 1 octobre 2009

Délabrement

La réalité nous saute aux yeux lorsque l'on jette un regard depuis la route.
Délabrement et ennuie.
La civilisation humaine amorce son déclin.
Il y aura eu des jours meilleurs, mais ceux-ci sont bel et bien derrières.
Depuis la route, lorsque l'on regarde le paysage, on se rend compte immédiatement que l'on roule tout droit vers le fossé.
La beauté du monde n'est désormais que fiction.

samedi 15 août 2009

Notre-Dame-Dans-La-Marde

Le Collège Notre-Dame
Où se transmet l'Éducation
Dans l'amour de la tradition
(Aux filles aux chastes intentions)
- Mononc' Serge

Ainsi donc, Hydro-Québec, après avoir augmenté ses tarifs et fait chier l'ensemble de la population, a décidé de faire un don au réputé et réputable Collège Notre-Dame, qui, semble-t-il, a besoin de fonds pour rénover ses infrastructures sportives.

Cyberpresse presse le public d'émettre son opinion sur le sujet en prenant soin de mener le sujet vers le 'contre' en mentionnant que le PDG d'Hydro ''donne aux riches''...

À l'Assemblée Nationale, l'Opposition est contre et réclame la tête de Thierry Vandal, le PDG en question; le PQ semble l'être encore plus puisqu'il a droit à son propre article. Un dénommé Sylvain Gaudrault, aussi, est contre, outré, même, selon Le Quotidien, mais le journal ne mentionne pas pourquoi son opinion vaut quoi que ce soit...

Bon, c'est sûr que c'est d'un goût, disons, douteux, qu'on prenne l'argent que tous les Québécois ont payé en hydroélectricité et qu'on en remette une partie à une école qui coûte quelques milliers de dollars par année à chaque élève - surtout que ladite école s'adonne à être celle où Vandal a étudié et où, en plus, il siège au conseil d'administration.

Peut-être suis-je biaisé parce que moi aussi, j'y suis allé à Notre-Dame, et qu'ils m'y ont lavé le cerveau, mais, en soi, je vois beaucoup plus de points ''pour'' que de points ''contre'' cette histoire.

Bon, on veut amener le débat vers un angle ''on privilégie les riches avec l'argent des pauvres'', et c'est en quelque sorte vrai, mais il y a probablement quand même autant (sinon plus) de gens moins aisés qui envoient leur enfant à Notre-Dame que de riches dans les écoles publiques - pour la simple et bonne raison que Notre-Dame demeure une des meilleures institutions d'éducation au pays depuis 140 ans; en effet quand L'Actualité ne le place pas dans le Top 5 de ses écoles dans son palmarès annuel, elle le place ex-aequo deuxième-qui-devient-neuvième parce que trop d'écoles semblent se valoir en même temps, comme elle l'a fait en 2004.

On parle ici d'une école secondaire où 94% des élèves finissent par obtenir au diplôme de Cégep, ce n'est pas rien quand on considère que plus de la moitié de la population de notre Belle Province ne se rend pas là - public ou privé. Ne faudrait-il pas encourager les institutions qui forment bien ses jeunes sous le seul prétexte percevoient des frais d'admission? Ce serait un nivellement par le bas injuste et indéfendable!

Bon, va pour la qualité de l'école.

On semble aussi oublier qu'Hydro-Québec n'est qu'à moitié une société publique; elle a aussi des actionnaires, et des comptes à rendre. Et des impôts à tenter de ne pas payer. Pour ce faire, elle utilise des abris fiscaux. Elle subventionne l'art, certains festivals, certaines courses automobiles. Cette fois-ci, elle a décidé de donner à une école secondaire.

Une école secondaire - pas une prison, pas une clinique de méthadone, pas un centre d'euthanasie, pas une église, pas un congrès raciste, pas à la caisse du gouvernement Harper, pas à des millionnaires sportifs, pas des compagnies pharmaceutiques, pas des pollueurs.

Et pas non plus aux ''riches'' qui y envoient leurs kids. À l'établissement, qui ne peut augmenter ses frais d'admission que d'un certain pourcentage chaque année et dont les dépenses, comme les autres écoles il est vrai, ne font qu'aller en augmentant.

En plus, Vandal s'est abstenu de participer aux réunions d'Hydro et du Collège pendant qu'on pesait cette option. Comme les Molson l'ont fait quand ils ont acheté le Canadien il y a 3 mois malgré qu'ils étaient et sur le conseil d'aministration du Canadien et celui de Coors...

Encore une fois: c'est correct pour une compagnie privée (deux en fait) qui ne dévoilent jamais leurs 'chiffres' malgré qu'ils nous vendent leurs billets de spectacles 300$ (U2, Centre Bell) et leurs billets de hockey 175$ (Canadien, Centre Bell, match hors-concours!) - mais une école secondaire?

Le problème d'éthique en est un de société: une seule et même personne ne devrait pas pouvoir siéger sur plus d'un conseil d'administration. Ça crée une homogénéité dangereuse et tendancieuse qui oriente la société au complet dans une direction que de moins en moins de gens ont le pouvoir de décider de suivre. C'est vrai - et c'est mauvais. Mais tant qu'il n'y aura pas une loi contre, il faudra vivre avec.

Un des pires cas de ce type de conflit d'intérêts demeure Jacques Ménard, actuel chef de BMO qui a, justement, procédé à la vente du Canadien. Quand les Expos ont été vendus en 1991, vu ses contacts avec BMO Nesbitt Burns qui en devenaient actionnaires minoritaires, il a été nommé au conseil d'administration des Expos, ce qui l'a conduit à plusieurs postes simultanés, que je cite du site web de BMO:

L. Jacques Ménard est président du conseil d’administration de BMO Nesbitt Burns, l’une des plus importantes sociétés de valeurs mobilières au Canada. Il est également président de BMO Groupe financier, Québec. À ce titre, il chapeaute les activités de BMO Banque de Montréal et de ses filiales qui comptent quelque 170 succursales et 5 000 employés.

M. Ménard est présentement administrateur de Claridge Inc., de l’Institut de cardiologie de Montréal, de l’Orchestre Symphonique de Montréal et des Alouettes de Montréal. Il est également membre du comité consultatif de l’Institut des administrateurs de sociétés (Section du Québec) et membre associé du conseil d’administration des Réseaux canadiens de recherches en politiques publiques inc., en plus de siéger au Conseil consultatif international de l’École des HEC, au Conseil consultatif de l’École des affaires publiques Glendon de l’Université York et au conseil d’administration de la Fondation Macdonald Stewart.

M. Ménard a par ailleurs présidé le Comité de travail sur le financement et la pérennité du système de santé et de services sociaux du Québec, mis sur pied par le Gouvernement du Québec en décembre 2004. Il a publié en 2008 un premier livre intitulé Si on s’y mettait… , dans lequel il propose dix grands chantiers assortis de propositions d’actions concrètes pour relancer le Québec. Dans la foulée de ce livre, il a créé le Groupe d’action sur la persévérance et la réussite scolaires, composé de 28 membres en provenance de ministères du gouvernement du Québec, du milieu des affaires et d’organismes oeuvrant dans des domaines reliés à la persévérance scolaire. Le Groupe a dévoilé son plan d’action en mars 2009.

Hey, ça en fait des affaires! Parlez-moi de ça, un gars qui en connaît autant en finances qu'en musique classique, en sports, en santé, en politique et en éducation! Crissez-le premier ministre, quelqu'un!

À côté de lui, Thierry Vandal, c'est rien. Et pourtant, c'est Vandal qu'on accuse de corruption et de conflits d'intérêts. Vous y comprenez quelque chose, vous?

De toutes façons, peu importe de quel côté du débat vous vous placez, demandez-vous: est-ce la première fois que l'élite redonne à l'élite? Surtout une élite qu'elle connaît? Dites-vous qu'on est ici dans un cas bien moins pire que celui de Dick Cheney et les contrats attribués à Halliburton en Iraq et en Afghanistan, ou des lois changées par George W. Bush pour accomoder ses amis de l'industrie pétrolière...

Encore une fois: Hydro-Québec a donné de l'argent...
à une école secondaire...
francophone...
originellement catholique...

Sacrament!

ajout: dans la foulée de la controverse, Notre-Dame a refusé le cash...

dimanche 9 août 2009

Hostie De Monde, Pareil

Maudite planète mal faite.

Nous, humains, sommes l'espèce qui semble y régner, donc nous assumons y être l'espèce la plus intelligente, malgré certaines de nos actions, qui, historiquements, voudraient faire croire que nous en sommes la plus conne.

Un autre trait qui fait de nous ''nous'', c'est cette capacité, en face à face, un à un, de pouvoir se parler et se comprendre, ou au moins dialoguer. Sans faire le grand détour qu'il faudrait probablement faire pour l'expliquer - et je ne le ferai pas pour la simple et bonne raison que c'est quelque chose que même moi je sais depuis ma tendre enfacne, donc probablement que TOUS les humains sont passés par là - mais, crisse, tout le monde est parlable. Tout le monde, one-on-one, on est cools.

Même quand on haït la face de quelqu'un, souvent, après avoir été obligé de lui parler, on peut même finir par l'aimer. Je ne sais pas si c'est du conditionnement, parce que, constamment on peut le voir au cinéma, dans des buddy movies, par exemple, et les vieux clichés du 16 siècle comme ''le sentiment le plus proche de la haine, c'est l'amour''... bref, comme l'oeuf et la poule, il est difficile de savoir lequel est venu en premier (en passant, c'est l'oeuf, parce que les lézards aussi se pondent, et cela, depuis des millénaires, alors que les poules n'ont que quelques centaines d'années, peu importe ce qu'en disent les Texans).

Tout ça pour dire que le gars de Mobile, tabarnak, c'est un crisse de bon gars, un bon équilibre entre gars de party et homme de famille responsable, avec un humour proche du mien parfois avec ses pointes sarcastiques (mais en moins méchant, évidemment).

Hostie de monde, pareil.

jeudi 6 août 2009

"My name is Exaybachay. He Who Talks Loud, Saying Nothing...I preferred to be called Nobody." -Dead Man

Le texte sur Dédé Fortin je l'aime ben gros, mais je ne sais pas pourquoi, j'aime pas les expressions comme celle-là: "les Richard Séguin, Richard Desjardins et autres Paul Piché". D'ailleurs Cassivi l'utilise souvent et ça m'énerve. Ça sonne hautain je trouve.

Mais à part ça, le texte est excellent. Je le trouve sincère, honnête et touchant. Je suis pas mal d'accord dans l'ensemble. Dans le sens que moi aussi j'ai trouvé tous leurs albums à part "Dehors novembre" complètement insignifiants.

Toutefois, dans mon cas, mon premier contact avec "Dehors novembre" a été pas mal different. C'était en 2001, dans la fourgonnette quand on était en externe à Saint-Tite. On était tous pas mal saoûls (sauf le conducteur qui devait vraiment nous trouver cons) et il y en a un qui a insisté pour mettre le disque pour me dire à quel point c'était génial pendant une demie heure avant qu'on s'arrête pour une dangereuse session de "go-kart".

Je trouvais la musique très bonne, mais "l'intro à la "The End" des Doors", contrairement à Cassivi qui l'a trouvé "hypnotique, déchirante, magnifique", moi je l'ai trouvé carrément plagiée.

La poésie n'était pas si pire, mais sans plus. C'etait pas pire pour du "Colocs" mettons. Mais j'étais dans une phase dans laquelle j'écoutais du Leo Ferré constamment ce qui me donnait un répertoire de poèmes suicidaires d'une richesse incroyable qui mélangeait l'amour, l'anarchie, la révolte, la révolution, l'histoire, le sexe, les tabous, la litteratures, la mort, etc, etc, etc. Juste après ma séparation d'avec tu-sais-qui, Ferré avait su comment aller me chercher. Dédé, à ce moment-là, faisait, quant à moi, une musique encore trop "CKOI".

C'est juste maintenant, après des années loin de chez moi et après en avoir enfin fini avec Ferré (quoique je pense recommencer bientôt), que j'apprécie sa musique et que j'ai vraiment le goût de l'entendre pour ce que ça évoque. Ma copine ne comprend pas les paroles de "Dehors novembre", mais elle aime s'imaginer des images sur cette musique avant de dormir. Elle dit que ce qu'elle imagine sur cette toune-là ressemble beaucoup au "far-west". La chanson du "Répondeur" la touche beaucoup, surtout parce que le chanteur la chante de façon vraiment triste.

Je lui ai traduit les paroles du "Répondeur" et elle était un peu déçue. Je me suis déçu un peu moi-même en les traduisant. Je suppose que ce qui était important c'était le "feeling" que Dédé avait en la chantant. Dans le fond, c'est ça qui fait que la chanson est spéciale avec tout ce qu'elle évoque sur la neige, la pluie et la tristesse du mois de novembre qui font qu'elle n'aurait pas pu être composée ailleurs, quoique Tom Waits, sur "Black Rider", chante une chanson qui s'appelle "November" et qui donne vraiment le goût de se suicider. Sauf que Dédé a le mérite de l'avoir chanter en français et, surtout, en joual.

Les francais ne parlent pas beaucoup de la neige dans leurs chansons et, quand ils en parlent, ça sonne faux pour nous. C'est comme si ici je me mettais à parler à un mexicain de la pauvreté ou de la brutalité policière à Montréal.

Mais Dédé n'était pas une légende, pas plus que Léo Ferré, Tom Waits ou Elvis Presley. Tout comme eux, c'était le produit d'une industrie. L'industrie culturelle, celle-qui fait vivre les chroniqueurs de La Presse et Dédé Fortin (et qui l'a tué aussi) mais qui refuse de nous faire vivre.

Ça, ça fait de nous des gens beaucoup plus libres que tout le monde de Céline Dion à Slaves on Dope, et tous ceux que tu as nommés: Jean Leloup, Jimmy Bourgoing, Les Colocs, Pas Chic Chic, Panopticon Eyelids et Shalabi Effect.

Quant à moi, ce que tu arrives à faire avec ton festival qui te coûte les yeux de la tête ça vaut mille fois plus que ce que tu as pu faire avec tous ceux que je viens de nommer. Sans t'en rendre compte, tu mets des bâtons dans les roues d'une industrie qui prétend s'enrichir en mettant des idées sur le marché.

Toutefois, si ce que tu désires vraiment c'est de percer dans cette industrie-là, j'ai vraiment l'impression qu'il va falloir que tu le fasses en francais, pas par souci de préservation de la langue, mais parce que c'est sur le marché francophone que tu vas vraiment rencontrer le public qui va te trouver original. En anglais tout a été fait et tout se fait tout le temps. En francais, et surtout en québécois, on nous impose le même type de produit culturel depuis la fin des années soixante-dix. S'il y a une culture à laquelle tu peux apporter quelque chose, c'est celle-là. En ce sens-là, je t'encourage fortement à ce que ton prochain spectacle soit celui que tu voulais faire complètement en francais, même si ça implique de brailler en chantant "Le Répondeur".

Sauf que, encore-là, on parle d'entrer dans l'industrie. Une industrie qui construit des légendes, des mythes, qui servent littéralement à aliéner le public et à le rendre passif, à le controler par une habile stratégie de pain et de cirque. Quand cette industrie-là met sur le marché des gens qui la critiquent, c'est seulement dans le but de se légitimer à elle-même, pour pouvoir dire que tout le monde y trouve sa place et que c'est la meilleure facon de fonctionner que l'on puisse se permettre d'imaginer. Et oui... ils contrôlent même notre imagination les bâtards. L'industrie culturelle c'est à ça que ça sert et à rien d'autre.

Donc, comme je le disais plus haut, le festival que tu organises fait de toi quelqu'un de pas mal plus libre et donc plus grand que la liste de personnes que tu as nommé à ta correspondante. À partir de maintenant, selon moi, ta vrai vie d'artiste, ta vraie vie publique commence et tu n'as plus à t'affirmer en ressassant un passé glorieux.

Ton présent suffit amplement parce que tu as travaillé d'arrache-pied pour réussir à mettre en place un festival qui donne la chance à ceux qui aiment tripper en faisant de la musique de partager leur passion avec un public qui aime écouter autres choses que ce que l'industrie a à leur offrir.

D'ailleurs, (ton ex-groupe que je te ferai la faveur de ne pas nommer), je ne les ai jamais entendu, mais, selon moi, ils ont vendu leur âme au diable et ils sont désormais condamnés à demeurer dans l'ombre d'Ozzy. À mon avis, c'est un groupe dépourvu d'intérêt.

Mobile c'est encore pire parce que je ne les connait même pas, mais je ne fais pas confiance à des groupes qui gagnent des concours. Les concours pour moi sont un raccourci qui sert de prétexte pour faire de l'argent sans travailler. Leur gloire c'est plus de la chance que du travail ou du talent. Ça ne vaut pas grand chose tant qu'à moi.

Quant aux Colocs, je trouve ça pas mal pathétique qu'un collectif de gens qui font de la musique qui s'auto-proclame "groupe" meurt avec son chanteur. Finalement, c'était pas si un "groupe" que ça, ils auraient dû s'appeler Dédé Fortin, ça aurait fait pareil.

Quant à la mort de Dédé Fortin, ca fait peut-être cliché de dire que c'est l'industrie qui l'a tué, mais moi j'ai l'impression que si le gars n'avait pas été aussi exposé, il ne serait peut-être pas mort à l'heure qu'il est. Le pire hommage qu'on puisse lui rendre maintenant c'est d'en faire un mythe. Parce qu'un mythe c'est de la fiction et je pense que, au moins un mérite de ce chanteur-là, c'est d'avoir eu pour souci d'être vrai et authentique. Malheureusement, je pense que c'est inévitable d'en faire une légende parce qu'on aime vraiment se faire raconter des histoires.

Sur ce, je reviens à toi, je trouve que le principal mérite de ton festival et des concerts que tu donnes en général, c'est d'avoir surgi de ta propre initiative dans des conditions qui rendaient ta tâche presque impossible parce que l'industrie ne permet pas aux "outsiders" de lui faire des surprises.

Maintenant, grâce a toi, il y a une poignée de musiciens qui peuvent goûter à des applaudissements au moins une fois par année. Quand bien même que cette poignée se résumerait juste à toi et aux groupes dont tu fais la première partie ou qui font ta première partie, tu pourras toujours te définir comme un accident dans l'histoire, un imprévu et ça... c'est grandiose.

Ton ami qui a bien hâte de recommencer à jammer avec toi,

Mala Estrella

Merde, Mobile, Amis Et Inutilités

Hey Alex,

Comme tu le sais si bien, j'ai l'habitude de me mettre dans la marde.

Je parlais avec une amie dans un bar plus tôt en soirée, et on en est venus sur le sujet de moi. Ou d'un de ses amis. De carrières en musique, en fait. Comment lui, avec son groupe Mobile, a réussi dans la vie pendant que mes projets semblent stagner.

On parle ici d'une prof de danse professionelle, une fille qui me comprend la plupart du temps...

Donc elle et son chum Éric partent vers minuit, moi je reste jusqu'à 4 heures, j'aide à fermer la place et tout. Pis en arrivant chez moi, j'y repense un peu, pis je lui envoie un email. Le voici retranscrit:

''Je sais c'est con''...


... mais j'ai eu un flash poche d'une phrase quand on était au Fullum.

(pour vrai, ça me tentait pas de t'écrire tout ça, mais on m'a dit que c'était pour le mieux, pour pas paraître comme si les shows que tu as vus, avec aucune foule présente, était chose habituelle...)

Tu disais que ton ami, qui est/était dans Mobile, le groupe pour lequel Pierre-Marc Hamelin joue la batterie, officiellement...

Je sais que pour toi je suis ''juste Seb'', mais j'aimerais clarifier:

1. le concours que Mobile a gagné en 2001, CHOM L'Esprit... je l'ai gagné en 1994, un an après Les Respectables, avec un groupe qui s'appelle (nom censuré, je n'ai pas le droit de le nommer publiquement, sous peine de poursuites). À cause de moi (de mon ''moins de 18 ans'' en fait), ils ont dû changer les règles du jeu...

2. tous les membres officiels de (ce groupe que je ne peux pas nommer) sont, en ce moment, millionnaires, ayant été signés par nul autre qu'Ozzy Osbourne à un contrat de disques et de tournée... ils se retrouvent aussi sur des compils ''Ozzfest'', des succès internationaux...

3. j'ai quand même écrit 3 tounes pour Jean Leloup, un chanteur relativement connu, dont une qui se retrouve sur un de ses albums...

4. mon ancien drummeur, avec lequel j'ai déménagé à Nouïorque, Jimmy Bourgoing, a été le batteur d'un petit groupe appellé Les Colocs, de 1990 à 1998

5. mon ancien bassiste, des années nouïorquaises, Éric Gingras, a vendu plus de 75,000 CDs avec ses groupes Pas Chic Chic, Panopticon Eyelids et Shalabi Effect depuis 2000...

6. (le groupe in-nommable), quand j'ai été avec eux, soit de 1994 à 1996, ont vendus plus de disques que Paul Piché et Jim Corcoran réunis, selon HMV Canada, en plus des disques ''illégals'' aux shows et dans la rue qu'on vendait...

C'est con, mais je suis quand même plus que le petit nobody que tu connais. J'ai un festival annuel (dans sa 5e année) qui a fait la première page de 3 journaux différents et j'ai un nom auxquels veulent s'associer, chaque année, 45 à 75 groupes locaux.

J'ai beau être moins connu et moins riche que d'autres intervenants de la scène locale, je ne me sens aucunement inférieur à eux.

Sans rancune, je te le jure,


Seb!
xxx
Je n'avais aucune raison d'en reparler, j'aurais pus juste me la fermer et oublier. Je ne veux pas embarquer dans un débat avec elle...

Sacrament que j'suis con!

Dehors, Novembre: Dédé Fortin, Rêveur Éveillé

Faut croire qu'il est temps de se remémorer. Cet hiver, il y a eu le film, Dédé À Travers Les Brumes, qui a amené sa vague de souvenirs, puis cette semaine, il y eut pas moins de trois spectacles-hommages à Dédé Fortin, dont un avec quelques-uns de ses anciens comparses des Colocs.

Puis une autre pluie de textes sur André ''Dédé'' Fortin, dont trois sur Cyberpresse: Marc Cassivi qui me vole mon opinion, Alexandre Vigneault aussi, et Marie-Christine Blais en fan toujours aussi finie qui parle de son enterrement.

Bon, je dis ''vole mon opinion'', mais ce n'est que parce qu'eux aussi n'ont pas trippé sur le premier disque des Colocs, celui des méga-succès Julie, Passe-Moé La Puck et La Rue Principale (bien que j'avais trouvé les clips pas mals). C'était, pour moi, ni plus ni moins que de la musique de party (trop?) typiquement provinciale avec des textes vaguement sociaux mais assez communs, trop évidents - comme une publicité où l'on voit des enfants africains mourrir de faim. Bien sûr que ça nous touche, mais: 1. vous y êtes déjà à les filmer, aidez-les vous-mêmes, et 2. c'est trop évident qu'on joue avec nos instincts primaires, c'est devenu plus qu'on sait qu'on se sentirait mal d'être indifférents alors on s'efforce de ne pas l'être.

Déjà, en 1995, avec Bon Yeu, sur Atrocetomique, bien que la langue y était plus crue, le message passait mieux. Le problème de la rareté de l'emploi, de la pauvreté y était quand même traité plus subtilement et moins directement que dans Passe-Moé La Puck, qui traitait d'itinérance et de l'hypocrisie de l'attention qu'on y consacre au temps des fêtes. Le clip de Bon Yeu, en plus, sa simplicité, en fait, ne faisait qu'ajouter au message: loin du stop-motion des trois premiers hits, on reprenait les cartons blancs avec messages en noir de Subterranean Homesick Blues de Bob Dylan, le premier clip à utiliser ce procédé, mais, par surcroît, de filmer le tout dans la cour d'une église abandonnée - située à côté du 2116 St-laurent où le groupe a été formé - vouée à la démolition malgré son statut de monument national, on ajoutait un second degré à l'idée.

Ah, les idées. Fortin en débordait. Celle de lancer son deuxième album au Spectrum, au party référendaire du camp du Oui le soir du référendum sur la souveraineté de 1995, alors que Mike Sawatzky, guitariste du groupe, un Cri anglophone de l'Ouest Canadien de naissance, est partisan du Non, en était une qu'il aurait pu abandonner. Un peu parce que c'était un pari risqué de devoir chanter ses chansons de party dans une ambiance de défaite si défaite il devait y avoir, mais aussi parce qu'il est prétentieux, après seulement un album, de se faire la tête d'affiche d'une cause défendue depuis des décennies par les Richard Séguin, Richard Desjardins et autres Paul Piché.

Et non seulement il y a eu défaite, mais le discours que prononça Jacques Parizeau, blâmant légendairement ''l'argent et le vote ethnique'' allait totalement à l'encontre des valeurs de Dédé, qui voulait, oui, un Québec souverain et indépendant, mais le voulait inclusif, pour tous ceux qui voulaient être Québécois, peu importe la langue d'origine, la couleur de peau, la religion, l'orientation sexuelle...

Le Québec de Dédé Fortin non seulement acceptait un Mike Sawatzky mais tenait à son épanouissement. Celui de Parizeau lui a confirmé ce que Sawatzky avait entendu toute sa vie: speak white, hostie. M'enfin...

Je ne sais pas si je suis anormal ou vicieux, mais je semble préférer l'art qui naît dans la tristesse. Avec la mort de son comparse et Coloc d'origine Patrick Di Napoli (VIH, 1994) , la défaite référendaire et la crise du verglas déprimante à souhait début 1998, Fortin en a broyé du noir.

Et il nous a pondu Dehors Novembre, le deuxième meilleur disque de l'histoire du Québec. Je vous épargnerai pour l'instant (et garderai pour un texte prochain) les raisons qui me poussent à l'en classer ainsi (et l'identité des autres qui l'entourent), mais il s'agît d'un album parfait: sombre, texturé, textes recherchés et poignants, ouverture sur le monde, phrases en Wolof, band aggrandi, quelques tounes plus beatées (dont une entièrement reggae) pour plaire aux radios, la meilleure chanson une ballade morbide - Le Répondeur - que le groupe refuse de sortir en single (un peu comme Black, de Pearl Jam, en 91-92), un vrai trip artistique réussi du début à la fin.

Je l'ai acheté parce qu'il était en spécial au Future Shop à 9.99$ (comme la plupart des nouveautés de la semaine à l'époque) et je savais que je pouvais le revendre pour 6 ou 7 dollars à un magasin de disques usagés si je ne l'aimais pas, une moindre perte; j'avais l'habitude d'acheter entre 5 et 10 disques par semaine à l'époque, juste pour voir (et surtout entendre!) ce qui se faisait, partout, en musique.

C'était en mai 1998, premiers balbutiements de ma relation avec une fille qui s'appelait Myriam. En arrivant chez ma copine, qui travaillait, je me suis assis sur le divan et j'ai mis le disque, m'attendant à endurer un calvaire d'environ une heure avant de passer à autre chose. Mais voilà, je n'ai pas bougé d'un poil pendant toute l'écoute, même qu'une fois le disque terminé, je suis resté sur place, ébahi, mortifié, atteint, dévasté.

Chaque mot un pincement au coeur, chaque phrase qui se termine un tour de fer dans la plaie. Je l'ai ré-écouté 6 autres fois avant que Myriam ne revienne de travailler.

- Qu'est-ce que tu fais là?
- Je viens de finir d'écouter le nouveau disque des Colocs. Sept fois...
- Sept fois? Mais tu ne les aime même pas!
- C'est ma-la-de. C'est tellement bon, tellement touchant, tellement marquant. Tu te souviens il y a deux ans, l'effet qu'a eu Le Dôme de Jean Leloup? Bien que tout le monde l'aimait, ce fut la surprise quand même quand le chef d'oeuvre est sorti?
- Ouais...
- Pareil. Mais en triste au lieu d'en fucké. Au lieu de te confondre dans un Manoir À L'Envers - quand tu ne sais pas qui est M.C. Escher, bien entendu - ou de te parler d'Edgar Poe saoûl sur le bord de la route, ben il te parle de mort, de dépression hivernale, de solitude. Et pis ça frappe dans le mille.

Contrairement à ce que l'on peut penser, puisque je suis un musicien avec une formation en cinéma, rarement je n'associe une chanson avec un événement, sauf, bien entendu, dans un concert. Je le précise parce qu'à l'été 1998, ma relation avec la fille citée plus haut a pris fin. Il appert aussi que j'ai passé une bonne partie de l'été à écouter l'album des Colocs. Certains font le lien: il était déprimé, il a écouté de la musique déprimante, c'est pour cela qu'il aime l'album. Mais non. Non seulement il n'y avait aucune chanson sur repeat chez moi, mais même à ce jour, je n'associe aucune chanson (d'aucun artiste) ni aux meilleurs ni aux pires moments de ma relation avec elle, ni à ma façon de passer au travers la rupture (qui fut, en fait, d'obtenir le premier ''emploi de rêve qui allait me décevoir'', soit de travailler au magasin de livres et de disques usagés L'Échange).

Certaines chansons ont beaucoup tourné à la radio et à MusiquePlus, je pense ici évidemment à Tassez-Vous De D'Là et Pis Si Ô Moins, une rotation excessive qui aurait pu tuer le goût d'entendre ces chansons-là, mais il n'en fut rien. Et c'est tant mieux.

Avec le temps, j'ai pu apprivoiser certaines des pièces des albums précédents de façon à ne pas chercher les toilettes à tout prix quand je les entends dans un bar ou chez quelqu'un, mais elles demeurent moins bonnes et moins marquantes, moins poignantes que celles de Dehors Novembre. Comme si elles étaient incomplètes.

J'en discutais avec Jimmy Bourgoing, leur batteur originel, qui quittait le navire en 1998. Même lui ne peut écouter certaines pièces, dont la chanson-titre dont il a co-signé la musique, de l'album, parce qu'elles sont trop touchantes.

Il est difficile d'élever au rang de légende un artiste qui a pondu un chef d'oeuvre et deux albums potables, mais on l'a fait pour Kurt Cobain en 1994, même que pour lui, de façon posthume, on a révisé tous les palmarès du temps qu'il était en vie pour le faire passer de la deuxième, troisième, cinquième, dixième place à la première, révisionnisme assez bâtard. Et je pleure chaque fois que Dédé Fortin est comparé à Cobain, parce que c'est le rabaisser énormément que de le catégoriser ainsi.

Avec Leloup, Fortin aura été le porte-étendard d'une culture québécoise populaire et intelligente des années 90, qu'ils ont dû porter bien haut et bien seuls, malheureusement, trop peu souvent suivis par des Daniel Bélanger et Kevin Parent pas toujours à la hauteur - et dépassés en termes de ventes par des Éric Lapointe cheaps et des centaines de clones de Céline Dion.

jeudi 15 janvier 2009

The Passing Of Time Through Winter

The future is inherently a good thing. And we move into it one winter at a time.

Things get better one winter at a time. So if you're going to celebrate, have a drink on this: the world is, generally and on balance, a better place to live this year than it was last year.

Those are the words of Spider Jerusalem, writer Warren Ellis' take on a Hunter S. Thompson-like journalist in the future; they are taken from the very last page of the fourth volume in the Transmetropolitan series, called The New Scum, in which a new President is elected to the U.S. Ironically, they were written and published in the year 2000.

Transmetropolitan currently sits atop my line of favourite books, along with other comics Preacher and The Walking Dead.

It's funny that I happened to read this volume again, for perhaps the tenth time, today, if only because tonight marked the final in a five-night series that I was outside putting up posters for a show happening on the 18th at La Sala Rossa, for supergroup Magic Christian, comprised of members of Flamin' Groovies and Blondie, among others.

Five nights during which I froze my balls in minus-30 weather, with a windchill I hadn't felt in years. And last night was the worst. I actually witnessed the temperature go down at least 5 degrees in mere seconds, with the swoop of one short blow of wind, at precisely 2:10AM. It was decently cold, with the wind providing extra chill to the fingertips, but without exaggeration, when out of the blue a tiny whirlwind of a weirdly milder wind came and took over Parc Avenue for a few seconds, just enough to make you realize something wasn't quite right, and as soon as it died off, it became colder than death in an instant.

It was yet another proof that Nature is a much stronger beast than we bipeds, but I know for one I didn't need any. It was also a reminder that February is coming at full speed and we Montrealers should just lock ourselves inside and hide/hibernate for 28 days and just order out, fuck, and play Playstation and let the whole world go right by past us for a month.

And if Jerusalem's/Ellis' words are to be true, it's so fucking cold out there right now that this particular winter should signify the death of the past decade completely - what with its 80s-revivals, shitty music, brand new and brand old wars, political tragedies and all-out fucking up of our way of Life - and bring about some actual, consistent, lasting change. For The Better (not sure why I need to add this in particular, but I've been unlucky with my wishes the past few years, in case you can't tell).

It's not in my genes, in my upbringing, in my habits. Perhaps it can be, although I'm quite happy being skeptical and realistic - but I'm actually hoping for Hope. It feels juvenile and stupid, but set against a backdrop of 100 km/h winds outside my window pushing a growing cemetary of white snow in minus-40 degree weather merely 5 inches from my face, a bottle of Jack Daniel's in my right hand, it's all I can muster up that feels right.

That, and putting this text to rest so I can go meet the Lady Of The House in bed.

Good night.

vendredi 2 janvier 2009

The Cuban Revolution: 50 Years Of Freedom

There's a nice page on the BBC's website about the 50th anniversary of the Cuban Revolution. It's rather complete for a one-page blurb, and offers insights into both sides of the long-standing argument, which are on one side that the Revolution actually brought freedom to Cuba, and on the other, the U.S.' opinion and pledge to ''free Cubans''.

Once more, the U.S.A. is alone on their side of the equation, pissed off that a tiny island can survive on its own despite a communist government and little else, 145 kilometers from their shores.
Reacting to the anniversary, a White House spokesman said the US continued to seek freedom for the Cuban people (...)

"The Castro brothers have not treated their people particularly well," said White House spokesman Gordon Johndroe on the eve of the anniversary.

"Many political dissidents are in jail. The economy is suffering and not free. And the United States will continue to try to seek the freedom of the people of Cuba, and support them."

Yeah. And people who disagree with the U.S.' policies for the past 60 years haven't... right. They wiretapped John Lennon, for fuck's sake. They imprison political dissidents daily with their Patriot Act, where they can abduct people from their homes without charging them with anything and have no rights to attorneys. Much better.

The article goes on to say
Fifty years on, the legacy of the revolution is complex. There is free education and health care but the state-controlled economy means wages for many Cubans are very low, on average about $20 to $25 a month.
yet doesn't mention that even the lowest wages amount is enough to provide with more essential stuff than welfare would in the U.S., and that the education and health care part will always be lacking in the States - and is going out of style in Canada too, as a matter of fact - along with the levels of quality it was known to have.

It also fails to mention that there are few nations and peoples as happy with their life as Cubans are - anywhere on earth. That a vast majority of them view the Castros and Che Guevara as both heroes and founding fathers, with an added touch of ideals to achieve and pride. That before this year, even natural disasters couldn't put a dent in the island's residents' spirit.

The article, though, mentions a kind of hope that change will occur, as Barack Obama could loosen up parts of the embargo, which would definitely be a step in the right direction.

So we solemnly celebrate 50 years of Freedom in Cuba, as the country was hit with its most difficult year in a long while, and hope for a much better one to come, and plenty more anniversaries in both the near and distant future. They have shown us that living on this planet can be done outside the American model without having to skimp human rights (unlike, say, China) and focusing on what is essential to create independent individual human beings - food, lodging, education and health care. Bravo.