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jeudi 26 janvier 2012

La morale, le journalisme et le sport professionnel

Il n'y a pas si longtemps, Sébastian Hell et moi avons eu une petite conversation virtuelle sur la façon dont les chroniqueurs, blogueurs et journalistes de Cyberpresse couvrent l'univers des Canadiens de Montréal. Je lui exprimais, entre autres choses, mon indignation face à une entrevue que Mathias Brunet a accordée dans une vidéo publiée sur le site Internet Cyberpresse.ca.

Le "reportage" s'attarde à un groupe de fans des Canadiens de Montréal qui ont décidé de s'amuser aux dépends de Scott Gomez, un des joueurs de centre de cette équipe. Scott Gomez, empoche le plus haut salaire de tous les joueurs du Canadien, mais, le 5 février prochain, cela fera un an qu'il n'aura pas compter un but. Par conséquent, certains amateurs de hockey ont décidé de se montrer sarcastiques envers l'athlète et planifient de célébrer son triste exploit en arborant certains objets soulignant l'événement le 5 février prochain.

Il semble donc que La Presse se devait de faire appel à un de ses "experts" en la matière (je ne sais si en matière de sport, sociologie ou psychologie car, on s'entend, il s'agit de stratégie d'amateurs de hockey et non de joueurs ou d'équipe) et elle s'est tournée vers Mathias Brunet qui nous a éclairé avec la réflexion suivante:

"C'est irrespectueux envers l'athlète et, si [ce sont] de vrais fans, ils n'aident pas leur équipe parce que, des initiatives comme ça, on va en parler à travers la ligue et les joueurs -déjà qu'il y en a beaucoup qui n'ont pas le goût de venir à Montréal- ils vont avoir de moins en moins le goût."

Tout d'abord, je tiens à dire que, en ce qui concerne l'anecdote en soi, mes connaissances limitées dans le domaine du hockey me font voir Scott Gomez comme un passeur et non un marqueur. Il y a donc peu de chances que vous me voyiez en train de me moquer de Gomez dans les gradins du Centre Bell le 5 février prochain. Bref, "dans mon livre à moi", reprocher à Gomez de ne pas compter de but, c'est un peu comme reprocher à Mathias Brunet de ne pas s'exprimer sur les grands enjeux moraux de notre société.

Toutefois, il y a du pain, il y a des jeux. Chacun se débrouille comme il peut avec le pain, mais pour ce qui est du jeu, je suis désolé, mais si le fan du Canadien doit désormais se préoccuper de ce que "la ligue" va penser de lui, ce jeu risque de se transformer en névrose.

C'est donc de cela que je parlais avec Sébastian et je lui disais que, honnêtement, les journalistes, blogueurs et chroniqueurs me font chier lorsqu'ils parlent "d'attitude". Vous savez? Cette espèce de psychologie infuse dont la grâce divine les auraient dotées.

En fait, je ne suis pas contre le fait que les journalistes s'aventurent hors de leurs champs de compétences. D'ailleurs, je serais enchanté si cela arrivait plus souvent. Je suis certain qu'on aurait droit à des textes beaucoup plus intéressants.

Cependant, en ce qui concerne La Presse, c'est systématique, la critique se situe toujours par rapport à comment un individu ou un groupe aurait dû agir: les fans du Canadiens ne devraient pas se moquer de Gomez, Cammalleri ne devrait pas dire que l'équipe se comporte en "looser", Subban devrait écouter ses entraîneurs, etc.

Sûrement par coincidence, le lendemain, Sébastian m'a envoyé un courriel intitulé "Au moins un qui défend P.K. Subban". Le contenu de l'envoie ne se limitait qu'à un hyperlien m'amenant à une entrée de blogue de Mathias Brunet dans laquelle il défendait P.K. Subban, l'étincelant défenseur du Canadien de Montréal.

Cela m'amène donc à clarifier ma position quant au travail des journalistes sportifs, des journalistes qui couvrent d'autres domaines et, surtout, des chroniqueurs de La Presse. Alors, je précise que je suis d'accord avec la position de Mathias Brunet en ce qui concerne la situation de P.K. Subban, même si cela n'a pas vraiment d'importance. Je trouve aussi que ce chroniqueur est compétent dans ce qu'il fait en général.

Par contre, ce qui me dérange, c'est le voir donner des leçons de morale comme le font presque tous les journalistes et chroniqueurs sportifs ou non. Il s'agit donc d'un problème relatif à ceux qui pratiquent ces métiers au sein des médias de masse.

Je ne comprends pas ce qui les amène à croire qu'ils peuvent être des spécialistes pour juger l'attitude des joueurs de hockey ou des acteurs sociaux et politiques. Cela me dérangerait moins s'ils essayaient de sortir des lieux communs pour le faire.

Toutefois, leurs commentaires ressemblent à ceux des élèves de primaires qui "stoolent" leurs camarades de classe. On dirait que l'attitude idéal du joueur de hockey ainsi que des acteurs sociaux et politique, selon eux, serait celle d'une espèce de chrétien laïque que l'on voit très bien reflétée dans le titre d'une chronique de François Gagnon sur P.K. Subban: "Plaide coupable et apprends!"

Qu'est-ce qu'ils ont fait pour être si supérieurs à nous tous moralement?

vendredi 11 novembre 2011

Crisse De Caves

Les lecteurs les plus assidus noteront que, récemment, j'ai beaucoup plus souvent répondu à des textes de Marie-Claude Lortie que de Patrick Lagacé.


Les raisons sont fort simples: Lagacé écrit beaucoup moins, et quand il le fait, il écrit moins de conneries. Lortie, elle, écrit des chroniques et des blogues qui font réfléchir. Qui me font réfléchir, du moins, car il semble que la pauvre en endure des vertes et des pas pures.


Sérieux. En 2011. Au Québec.

Sacrament.

On n'est pas sortis du bois.

Notons qu'elle mentionne que ce n'est pas mieux ailleurs; vrai, sauf qu'ici, généralement, je m'étais habitué à ce qu'on soit en avance sur les autres vis-à-vis les droits et le respect de tous: minorités visibles, homosexuels, femmes.

C'est ben beau les jokes de mon'oncle, mais faut montrer que c'est une blague; sinon, on devient le con qu'on imite. Et ça, c'est moins drôle pour tous.

vendredi 4 novembre 2011

Saumon Et Poisons





Dans le même ordre d’idées que ma chronique sur la bouffe du mois dernier, j’ai eu un léger mal de cœur en lisant le texte d’aujourd’hui de Marie-Claude Lortie (oui, encore elle!) qui traite des poisons utilisés par les pisciculteurs éleveurs de saumons, qui tuent les homards et crustacés dans le seul but de nous donner un plus grand nombre de poissons de moins bonne qualité.

Et, puisque ces élevages se font en mer (alors qu’une piscine géante ou, au pire – et le mot ''pire'' y prend ici tout son sens – un lac artificiel aménagé avec un ruisseau qu’ils pourraient remonter pour frayer et renouveler l’espèce ferait autant l’affaire), on pollue l’océan pour une cause, somme toute, assez futile.

En plus de la quantité inimaginable de petits poissons qu’on utilise pour les nourrir.

De quoi se questionner sur la pertinence de manger de ces saumons-là…

mercredi 17 août 2011

Mieux Manger: À Quel Prix?

Marie-Claude Lortie de La Presse demande aujoud'hui dans son blogue si vous seriez prêts à payer le ''vrai'' prix pour mieux manger, question inspirée du fait que les rotisseries St-Hubert ont choisi de nourir leurs poulets de farine animale, pratique qu'ils avaient suspendue pendant la crise de la vache folle.

Voici ma réponse:
Que St-Hubert ait pris cette décision écoeure et déçoit au plus haut point.
Le hic, c'est quand on commence à parler du prix de la nourriture en épicerie.
Parce sortir au St-Hubert, si la différence entre du poulet de bonne qualité et de qualité douteuse n'est que de 40 cents le poulet comme le prétend un de vos lecteurs, il faudrait s'attendre à ce que le restaurant monte le prix de ses quarts d'un dollar, et ses demi-poulets de deux. Et tant qu'à sortir et payer mon assiette 5 dollars, aussi bien la payer 17 pour bien manger.
Mais à l'épicerie, entre manger de la merde pour 100 dollars qui va durer moins d'une semaine ou tripler la facture pour quelque chose de meilleur, je vais être tenté de choisir l'option plus accessible, le prix des autres commodités (loyers à presque 1000$, passe d'autobus à 80, internet, Hydro, etc) primant et privant du véritable choix.
Mais si j'avais à voler de la bouffe, ce serait bio, sans additifs et 100% naturel à tout coup.

vendredi 5 août 2011

Lagacé Contre-Attaque




Il m'arrive de critiquer Patrick Lagacé - journaliste à La Presse et co-animateur des Francs-Tireurs - pour ses positions idéalistes et idéalisantes à propos de la société dans laquelle on vit, qui, pour lui, abrite plus de bonnes personnes que de mauvaises, et que la proportion de malfaiteurs diminue au fur et à mesure qu'on grimpe les échelons des emplois dits honorables, tels que les policiers, soldats et politiciens. Et journalistes.

Toujours est-il qu'il nous a prouvé, dans un post de blogue hier, qu'il comprend exactement le rôle qu'est supposée jouer la presse dans notre société: celle de démasquer la vérité des clichés de notre monde et de la communiquer au petit peuple.

Les journalistes Américains se réveillent à peine d'une époque (un bon 10 à 15 ans) où ils ont été trop complaisants avec leurs élus, les firmes de bullshittage (relations publiques) et les grandes compagnies, avalant trop souvent les phrases vides et les mensonges pour aider l'État à justifier des dépenses folles ou des guerres injustifiées (qu'on pense au président Bush II et sa guerre en Irak) ou même pour copier-coller des communiqués de presse et prétendre qu'un simple lancement d'album, de film, de voiture ou de shampooing est une nouvelle digne de se retrouver en page fronticipice.

Sans parler des journaux à potins de style News Of The World et National Enquirer...

Le beau Patrick est même allé au front pour défendre un de ses collègues qui s'était fait tasser par un ministre et son équipe en posant une question qui les troublait. Dans ces moments-là, rien d'autre à faire que d'applaudir.

mercredi 1 juin 2011

"El Rumor del Incendio" face au nihilisme post-moderne lassant de la critique théâtrale québecoise

Je vais me prêter ici à un exercice controversé qui consiste en une critique partiale d'une critique de théâtre que j'ai lue sur www.cyberpresse.ca, publiée le 1er juin 2011. Je dis qu'il s'agit d'un exercice controversé car il est risqué de critiquer une critique, d'autant plus si l'on connaît les gens qui en sont l'objet. Toutefois, en ce qui me concerne, il est nécessaire de m'exprimer sur le sujet parce que je trouve ce texte symptomatique d'un certain nihilisme post-moderne lassant qui règne sur le Québec et dont je tiens les médias de masse responsables en bonne partie.

La critique dont il est question ici, dont l'auteur est Alexandre Vigneault, traite d'une pièce de théâtre que j'ai eu l'opportunité de voir à Mexico, il y a de cela quelques mois, et qui a été présentée à Montréal dans le cadre de la dernière édition du Festival TransAmérique. Cette pièce, El Rumor del Incendio, qui consiste en un amalgame de genres qui appartiennent à la fois aux domaines de la fiction et des narrations qui ne se prétendent point fictives, cherche à reconstruire la vie de Margarita Urías Hermosillo afin de la comprendre elle, mais aussi de comprendre une époque qui pourrait paraître lointaine depuis une perspective post-9/11. Toutefois, il semble qu'au Québec on a souvent tendance à confondre distance et différence lorsqu'il s'agit d'histoire, ce dont je tiens - encore une fois - les médias de masses responsables en bonne partie.

L'exercice auquel se prêtent Luisa Pardo et Gabino Rodríguez, deux des principaux artisans de cette pièce, est beaucoup plus risqué que celui auquel je me prête en ce moment. En effet, il se trouve que Margarita Urías Hermosillo était la mère de Luisa. Il s'agit donc d'une œuvre encore plus partiale que ma critique.

Aujourd'hui, Luisa fait du théâtre alors qu’autrefois sa mère s'était enrôlée dans une des nombreuses guerrillas mexicaines. El Rumor del Incendio est donc le fruit d'une labeur de recherche historique, généalogique, sociologique et politique dont le résultat consiste en un documentaire scénique qui permet au public, mexicain du moins, de réintégrer des éléments qui semblaient être disparus de la mémoire collective.

Entre autre, il est surprenant de voir de quelle façon l'usage ou non de la violence à des fins révolutionnaires ou de lutte contre l'oppression était objet de débat, contrairement à aujourd'hui, où un consensus malsain sur le sujet nous oblige à l'apathie, même lorsque l'on se heurte aux pires injustices, que ce soit venant de l'État ou venant de grandes corporations qui arrachent nos ressources et notre plus-value. Il semble que notre consensus autour de la non-violence aille de pair avec le leur autour de l'usage de la violence, surtout depuis le 11 septembre 2001.

Quoique, dans le cas québécois, ce consensus autour de la non-violence régnerait peut-être depuis l'assassinat de Pierre Laporte. En ce sens, il est intéressant de lire l'article de Pierre Foglia, Le passé qui ne passe pas, dans lequel le chroniqueur nous parle de l'ambiance « d'exaltation » dans laquelle baignait le Québec avant qu'on trouve le cadavre du ministre. En fait, cet article de Pierre Foglia et El Rumor del Incendio ont cela en commun : malgré la distance, les deux documents nous rappellent certaines choses que l'histoire officielle voudrait effacer à tout prix.

Je reviens donc à la critique d'Alexandre Vigneault sur cette pièce de théâtre mexicaine. Ce qui me dérange, ce n'est pas qu'il ne l'aie pas aimé, c'est plutôt qu'en lisant son article, j'ai l'impression de lire le triomphe de l'histoire officielle. Son texte est imbibé d'un mauvais usage du structuralisme prôné à outrance dans les universités québécoises. J'ignore l'université à laquelle ce critique a étudié, mais je me souviens que, lors de mes années de Baccalauréat à l'Université de Montréal, on me tapait sur les doigts sitôt que j'essayais d'aborder le contexte et l'auteur dans un travail d'analyse littéraire. Pourtant, je suis toujours aussi convaincu que l'on en sait jamais trop sur l'auteur et son contexte lorsque l'on essaie de comprendre son œuvre. Je me suis même aperçu que cela rendait la lecture plus passionnante ou moins ennuyante, selon le cas.

Ce qui me dérange, c'est cette plainte : « Or, ce que l'on constate vite, c'est que cette masse d'information est livrée dans une orgie de dates, de lieux, d'acronymes et de noms qui finit par avoir raison de notre indignation et même de notre compassion ». Afin de savoir si elle est légitime ou non, je crois qu'il faut nous questionner sur la fonction de la critique artistique et se demander si celle-ci doit nous indiquer si aller ou non voir une œuvre ou si elle doit plutôt nous apporter un point de vue susceptible d'enrichir notre expérience, peu importe si celle-ci sera positive ou négative. Selon moi, il est clair que c'est la deuxième option qui obtient mon vote, mais lorsque je lis l'article d'Alexandre Vigneault, j'ai l'impression que lui, ainsi que son employeur, penchent plutôt en faveur de la première.

Pourquoi cette « orgie de dates, de lieux, d'acronymes et de noms »? Il me semble qu'un critique de théâtre, de par sa position privilégiée que lui octroie sa profession, pourrait très bien formuler cette question aux artistes qui présentent cette pièce. Malheureusement, la routine du métier de critique d'art ne semblent pas lui donner le temps de comprendre; il faut lui donner l'information à la petite cuillère, déjà cuisinée et mastiquée. Et l'on se surprend de la stérilité culturelle de notre époque...

Ensuite, Alexandre Vigneault en a contre « les tirades informatives et ces lectures mécaniques de lettres personnelles qui auraient pu s'avérer touchante ». Pour ma part, j'aurais peut-être crier au sacrilège si ces lettres avaient été lues sur un ton mélodramatique, aussi subtil eu-t-il été. C'est peut-être ma lecture d'Agota Kristof qui m'a trop convaincu qu'il n'était pas nécessaire que les émotions soient formulées par l'émetteur afin qu'elles soient ressenties par le récepteur.

Toutefois, pour apprécier pleinement ce choix de style de la part de Lagartijas Tiradas al Sol, je crois qu'il faut en savoir plus sur le contexte de production de l'oeuvre. En effet, si l'on croit que le Mexique est un État pas si pauvre que ça, pas si anti-démocratique que ça et pas si violent que ça, on serait en droit de s'attendre à une narration au ton chaleureux. Sauf que, quand on sait que ce pays est submergé dans une violence inimaginable, que les mouvements sociaux y sont de plus en plus stigmatisés, que l'État trouve chaque jour de nouvelles justifications pour utiliser la force et que la pauvreté provoque un des exodes les plus importants sur la planète, on commence à comprendre un peu plus le sens d'utiliser un ton aussi froid. Selon moi, cette voix constitue la métaphore d'une société qui se désensibilise chaque jour un peu plus.

Le critique se défend en disant que « émotion et pensée ne sont pas des antagonismes : en appeler aux affects peut permettre d'entrer dans l'intellect par la grande porte comme en a déjà fait la preuve la compagnie de théâtre documentaire montréalaise Porte-parole ». Je ne connais malheureusement pas le travail de cette compagnie de théâtre, mais pourquoi diantre Lagartijas Tiradas al Sol devraient-ils essayer de reconstruire la vie de Margarita Urías Hermosillo en copiant le style de Porte-parole? De toute façon, lorsque j'ai vu cette pièce, la froideur et l'aspect mécanique de la façon de parler des personnages ont été précisément les éléments qui ont suscité en moi « indignation », « compassion », mais surtout, une envie d'agir contre ce passé qui mitraillait le public. Selon moi, l'émetteur n'a pas besoin de ressentir pour faire ressentir. Je dirais même que, dans la plupart des cas, il est préférable que celui-ci ne ressente pas à ma place.

Il y a autre chose qui m'écorche dans cette phrase. J'y trouve un prélude au climax de l'article que je ne voudrais pas vendre tout de suite. En effet, j'y entrevois quelque chose entre les lignes du genre « on n'a pas besoin que ces étrangers viennent faire ce genre de théâtre ici. Chez nous, on a des gens qui en font et du bien meilleur »; un peu comme si cette troupe et cette pièce n'avait rien à nous apporter de nouveau.

Pourtant, lorsque j'ai vu cette expérience théâtrale qui, au Mexique, a éveillé tant de souvenirs dans le public, qui ont même fait l'objet d'un débat-conférence ayant eu lieu environ une semaine après les représentations, mon premier réflexe a été de me demander si, au Québec, nous avions une quelconque expérience similaire qui aurait pu entrer en dialogue avec la pièce de théâtre. Peut-être que pour plusieurs québécois, la réponse serait non. Toutefois, en ce qui me concerne, je me suis rappelé de ce texte de Foglia mentionné plus haut. Dans les deux documents on trouve l'évocation d'une « exaltation ». Il y a ensuite un certain événement qui met fin à cette exaltation et qui semble laisser place à une terrible angoisse, un certain repentir même...

Autant au Mexique qu'au Québec, on dirait que l'on vit une interminable gueule de bois depuis 1980. C'est partout pareil vous dites? Non. En Bolivie, ce n'est pas précisément cette ambiance qui règne. Même au Vénézuela, où la Révolution Bolivarienne semble s'éroder, ce n'est pas cette impression qui nous traverse.

D'ailleurs, l'exercice de Lagartijas Tiradas al Sol me semble un pas indispensable à franchir afin de changer d'air. Cette troupe de théâtre essaie de comprendre ce qui s'est passé dans une vie et dans une société en ravivant la mémoire de souvenirs agonisants. Au Québec, il n'y avait que Falardeau qui le faisait. Pourtant, n'y a-t-il pas certaines choses importantes du passé qui seraient en train de nous échapper? Par exemple, comment avait été accueilli la Reine d'Angleterre au Québec dans les années soixante? Comment sera bientôt accueilli le couple princier? Pourquoi cette différence ou cette ressemblance? Simple curiosité...

Finalement, le climax de l'article est formulé par Alexandre Vigneault de la façon suivante : « El Rumor del Incendio, malgré l'intérêt et l'importance de son sujet, fait naufrage en raison de cette approche presque totalement désincarnée. La déception aussi suscitée par Asalto Al Agua Transparente (sic) l'an dernier incite finalement à se questionner au sujet de l'attention que le Festival TransAmérique accorde à la jeune troupe mexicaine depuis deux ans... » Si je comprends bien, même si le sujet est important, le Festival TransAmérique devrait considérer cette pièce comme un échec et devrait même penser à jeter la troupe aux poubelles, tout cela à cause d'une « approche désincarnée ».

Au Mexique il y a un proverbe qui dit « dis-moi ce dont tu te vantes et je te dirai ce dont tu manques ». J'ai vraiment l'impression que ce proverbe s'applique très bien à l'affirmation du critique. Lorsque je lis son article, l'ignorance manifeste du contexte de production de l'oeuvre me saute en plein visage et me fournit de sérieuses raisons de soupçonner un « manque d'intérêt » pour le sujet dont il est question. Quels sont ces acronymes, ces lieux et ces dates que l'on nous sert en rafale dans cette pièce? Pourquoi s'y trouvent-ils? Pourquoi le critique s'est-il simplement contenté de se plaindre de cette présence au lieu de chercher à la comprendre? Il existe une différence selon moi entre être critique et être « critiqueux » et, si la pièce traitait d'un sujet « important » et « intéressant », il me semble que la moindre des choses aurait été de faire preuve de sens critique et non pas se contenter d'être « critiqueux ».

De plus, si le sujet abordé par Lagartijas Tiradas al Sol est « important » et « intéressant », il est tout a l'honneur du Festival TransAmérique de réinviter la troupe pour sa prochaine édition. Toutefois, si ce n'est pas le cas, je me demande moi-même qu'elle est l'importance et l'intérêt d'un tel festival. Il est clair que, de mon point de vue, le Québec a tout intérêt à connaître le théâtre du reste de l'Amérique et à faire connaître son théâtre dans cette région du monde, surtout en ce qui concerne la partie du continent que l'on appelle « latine ». Toutefois, je me demande si cet intérêt et cette considération sont partagés par le reste de mes compatriotes.

Vous savez, ici, au Mexique, L'Incendie de Wajdi Mouawad fait salle comble et je soupçonne le FTA d'y être pour quelque chose. Maintenant, Lagartijas Tiradas al Sol ne sont pas non plus les derniers venus. Certes ils n'ont pas l'âge et l'expérience de Mouawad et, proportionnellement, ils ne jouissent pas de la même diffusion. Cependant, leur présence, autant individuelle que collective, est de plus en plus importante. Certains membres de cette troupe ont participé à plusieurs pièces de théâtre et à de nombreux tournages. D'ailleurs, El Rumor del Incendio sera présentée dans plusieurs festivals internationaux, notamment à Bruxelle et à Paris.

Maintenant, le rôle du FTA est-il de faire connaître le théâtre québécois au reste des Amériques ou de faire connaître le théâtre du reste des Amériques aux Québécois? Selon moi, la réponse se trouve dans une dialectique qui inclurait autant la première que la deuxième option. Cela signifie que le FTA doit élaborer ses critères de sélection en se demandant, en quelque sorte, quelles sont les préoccupations de la production théâtrale actuelle en Amériques.

Eh bien, si on lit un peu les journaux latino-américains, on s'aperçoit rapidement que le sujet dont traite El Rumor del Incendio est incontournable : partout en Amérique Latine on cherche à comprendre ce qui s'est passé pendant la « guerre sale ». Regardez, seulement au Chili, on vient d'exhumer les cendres de Salvador Allende; en Haïti, Aristide et Duvalier sont revenus se disputer la mémoire et je peux continuer à vous donner des exemples en Bolivie, au Vénézuela, en Argentine, etc., etc., etc.

Et nous là-dedans? Au Québec, c'était si tranquille que ça à cette époque? D'où vient notre intérêt pour le théâtre de l'Amérique latine au point d'avoir un festival qui en diffuse autant? Serait-ce que notre histoire et notre culture et les leurs auraient plus en commun que l'on serait porter à croire? Afin de répondre à tout cela, ne serait-il pas utile de réaliser, à notre façon, un effort de recherche similaire à celui qu'ont effectué les membres de Lagartijas Tiradas al Sol avec El Rumor del Incendio?

La pièce sera présentée jusqu'au jeudi, 2 juin 2011, chez Prospero.
Pour plus d'information sur le travail de Lagartijas Tiradas al Sol: elrumordeloleaje.wordpress.com

mardi 1 juin 2010

Lettre Ouverte À Nathalie Petrowski

Bonjour,

j'ai apprécié votre chronique qui critiquait l'étude de MacLean's sur la culture - surtout l'angle des manifestations artistiques gratuites, même si vous vous êtes surtout arrêtée à celles qui sont financées par nos impôts.

Par contre, il s'en trouve bon nombre d'autres, dont UnPop Montréal, un festival annuel qui se tient depuis 2005 à la fin de l'été et qui dure, bon an mal an, deux semaines, et met en vedette des artistes de la relève qui finissent presque tous par percer ailleurs (de l'édition 2009, d'ailleurs, deux seront aux FrancoFolies cet été, Patrick Pleau et Philémon Chante).

Le tout financé directement du porte-monnaie d'un mécène lui-même auteur-compositeur-interprète de la relève - moi.

Mais je ne m'attendais pas à ce que vous le sachiez - La Presse demeure le seul journal montréalais qui a toujours omis de parler d'UnPop; le JdM, Ici, Voir, 24 Heures, Hour (une page fronticipice en 2006), Mirror (deux pages fronticipices, 2005 et 2009), Métro, The Gazette - tous les autres en ont parlé au moins une fois.

Drôle, quand même.

Au plaisir de vous y voir, cet automne...


Sébastian Hell

mercredi 28 avril 2010

Pas Debout, Ni Assis, Ni À Genoux, Ni Prosterné...

Bon, j'allais enfin publier, 24 heures trop tard, sur mon blogue francophone principal, ma Lettre Ouverte À Pierre Rinfret, ma réplique à ses commentaires épais d'avant-hier soir à l'Attaque À 5.

Mais voilà qu'un éditorial de La Presse met le doigt sur un beau bobo que je ne pouvais ignorer: Washinton prend de plus en plus de place dans la politique canadienne.

Oui, l'éditorialiste fait preuve de démagogie pour arriver à sa fin, à son point, mais quand même, le message passe - et passe bien.

Avec des Conservateurs au pouvoir à Ottawa qui sont moins-que-minoritaires mais qui gèrent le pays comme des rois fils-de-Dieu, le Canada, ce Beau Grand Pays, le ''plusse meilleur au monde'' n'est pas debout, ni assis, ni a genoux ou prosterné, mais bien tout nu et à quatre pattes devant les américains.

Une méchante chance qu'ils n'ont plus un cowboy au pouvoir, eux, qui ne demande qu'à nous rider...

samedi 30 janvier 2010

Cyberpresse et Facebook

Bon, me revoilà. Ça fait un maudit bout que j'ai écrit ici. L'espace est toujours de la même couleur... ça me rassure. J'ai enfin fini ma thèse et ça fait vraiment du bien. Je ne dirais pas que c'est la satisfaction du devoir accompli qui me remplie de ce soulagement. Ce n'est pas non plus le fait d'avoir fini un long travail. C'est plutôt le fait que je peux maintenant décoller un peu de l'ordinateur et arrêter de trouver des prétextes pour ne pas travailler sur ma foutue thèse.

C'est bizarre pareil parce que, quand je fais un tour dans mes souvenirs, je regarde ces prétextes-là et je remarque qu'ils ont changés, non seulement au fur-et-à-mesure que moi je changeais, mais aussi au fur-et-à-mesure que les temps changeaient.

J'ai commencé mon processus de recherche en 2007. Dans ce temps-là, ce qui me distrayait c'était surtout sortir avec des amis, prendre une bière ou regarder la télé. Dans les trois cas, je me sentais coupable.

Puis, peu à peu, ça a été le fait de chatter avec le monde de mon patelin qui détournait mon attention.

Un jour, Dieu seul sait pourquoi, le Messenger a commencé à sonner de moins en moins et je me suis mis a avoir les yeux constamment rivés sur Cyberpresse. Je vous jure que ce journal est mauvais, en dépit de ce que ses employés en disent.

Après, ça a été Facebook avec le maudit jeu de Mafia War. Si on regarde froidement ce en quoi consiste ce jeu-là, on se rend compte qu'un nouveau né qui regarde le mobile au-dessus de son berceau pour s'endormir est beaucoup plus actif que l'étudiant crétin qui s'amuse à faire des clicks sur sa souri pour regarder une roulette de revolver faire un tour.

Combien de temps perdu. Combien de minutes qui ne reviendront plus.
Dans le fond, sortir et prendre une bière est extrêmement sain quand on y pense.

Il faut commencer à vivre mes amis.

samedi 7 novembre 2009

Vacciner Les Hockeyeurs En Priorité...

Salut, Alex.

Je voulais encore une fois parler d'un sujet d'actualité avec toi: vacciner les joueurs de hockey en priorité.

J'en parle sur mon blogue en français, et je vais le citer plus bas, mais je tiens à ajouter que moi, je ne m'y soumettrai pas.

Trop de niaiseries dans la liste d'ingrédients inactifs (au nombre de crevettes que je mange par semaine, j'ai ma dose de mercure, merci quand même!), actifs (youppi, un adjuvant, juste quand on sait que cette souche particulière de la grippe aime particulièrement les systèmes immunitaires renforcés!) - sans compter que le vaccin a plutôt été conçu pour la grippe H5N1 (la grippe aviaire, pas porcine, ce qui revient à regarder l'Orange Mécanique au lieu de Peau De Banane), ni qu'il n'a pu bénéficier des 2 à 5 ans habituellement requis de tests avant sa mise en marché.

Oh, et aussi parce que le manufacturier principal, Glaxo-Smith-Klein, ou GSK pour les intimes, est un de mes anciens clients pharmaceutiques chez Head - un christ de croche à part ça, côté éthique.

Tout ça pour mener au sujet du jour.

Comme je le dis dans mon texte, Réjean Tremblay approuve, Patrick Lagacé pas.

Et mes arguments:
Les raisons contre, elles sont faciles à trouver: égalités sociales, soigner les plus à risques point-de-vue santé en premier (les enfants, les asthmatiques graves, la veuve et l'orphelin).

Sauf que les sportifs sont également très à risque.

Ils suent ensemble ou l'un contre l'autre, partagent chambres d'hôtels, vols d'avions (des incubateurs à maladies s'il en est), toilettes plubliques, douches, bouteilles d'eau ou des Gatorade et travaillent dans des espaces restreints. Et dans leur temps libres, de jour, visitent des enfants malades dans des hopitaux et, de par leur statut social, le soir, ensorcellent nos jolies demoiselles dans les bars.

Dans le seul but de sauver les enfants malades et les jeunes femmes à la cuisse légère qui, elles, pourrainet ensuite contaminer moult musiciens et quelques saoulons ici et là, les joueurs de hockey doivent absolument passer en premier.

Bon, on dira qu'ils seraient ainsi privilégiés parce qu'ils sont riches, mais, justement, puisqu'ils sont riches, ils sont aussi plus taxés et imposés que le commun des chômeurs - et paient ainsi plus que leur part des effectifs médicaux.

Donnez-leur une centaine de doses et laissez leurs médecins (ceux que les équipes professionnelles paient à grands coûts) les leur administrer - on ne nuira ainsi donc pas au système, puisqu'on garderait les médecins québécois et les infirmières pour le grand public, tout en protégeant la santé de nos héros sur patins.
Curieux de connaître ton opinion...

samedi 15 août 2009

Notre-Dame-Dans-La-Marde

Le Collège Notre-Dame
Où se transmet l'Éducation
Dans l'amour de la tradition
(Aux filles aux chastes intentions)
- Mononc' Serge

Ainsi donc, Hydro-Québec, après avoir augmenté ses tarifs et fait chier l'ensemble de la population, a décidé de faire un don au réputé et réputable Collège Notre-Dame, qui, semble-t-il, a besoin de fonds pour rénover ses infrastructures sportives.

Cyberpresse presse le public d'émettre son opinion sur le sujet en prenant soin de mener le sujet vers le 'contre' en mentionnant que le PDG d'Hydro ''donne aux riches''...

À l'Assemblée Nationale, l'Opposition est contre et réclame la tête de Thierry Vandal, le PDG en question; le PQ semble l'être encore plus puisqu'il a droit à son propre article. Un dénommé Sylvain Gaudrault, aussi, est contre, outré, même, selon Le Quotidien, mais le journal ne mentionne pas pourquoi son opinion vaut quoi que ce soit...

Bon, c'est sûr que c'est d'un goût, disons, douteux, qu'on prenne l'argent que tous les Québécois ont payé en hydroélectricité et qu'on en remette une partie à une école qui coûte quelques milliers de dollars par année à chaque élève - surtout que ladite école s'adonne à être celle où Vandal a étudié et où, en plus, il siège au conseil d'administration.

Peut-être suis-je biaisé parce que moi aussi, j'y suis allé à Notre-Dame, et qu'ils m'y ont lavé le cerveau, mais, en soi, je vois beaucoup plus de points ''pour'' que de points ''contre'' cette histoire.

Bon, on veut amener le débat vers un angle ''on privilégie les riches avec l'argent des pauvres'', et c'est en quelque sorte vrai, mais il y a probablement quand même autant (sinon plus) de gens moins aisés qui envoient leur enfant à Notre-Dame que de riches dans les écoles publiques - pour la simple et bonne raison que Notre-Dame demeure une des meilleures institutions d'éducation au pays depuis 140 ans; en effet quand L'Actualité ne le place pas dans le Top 5 de ses écoles dans son palmarès annuel, elle le place ex-aequo deuxième-qui-devient-neuvième parce que trop d'écoles semblent se valoir en même temps, comme elle l'a fait en 2004.

On parle ici d'une école secondaire où 94% des élèves finissent par obtenir au diplôme de Cégep, ce n'est pas rien quand on considère que plus de la moitié de la population de notre Belle Province ne se rend pas là - public ou privé. Ne faudrait-il pas encourager les institutions qui forment bien ses jeunes sous le seul prétexte percevoient des frais d'admission? Ce serait un nivellement par le bas injuste et indéfendable!

Bon, va pour la qualité de l'école.

On semble aussi oublier qu'Hydro-Québec n'est qu'à moitié une société publique; elle a aussi des actionnaires, et des comptes à rendre. Et des impôts à tenter de ne pas payer. Pour ce faire, elle utilise des abris fiscaux. Elle subventionne l'art, certains festivals, certaines courses automobiles. Cette fois-ci, elle a décidé de donner à une école secondaire.

Une école secondaire - pas une prison, pas une clinique de méthadone, pas un centre d'euthanasie, pas une église, pas un congrès raciste, pas à la caisse du gouvernement Harper, pas à des millionnaires sportifs, pas des compagnies pharmaceutiques, pas des pollueurs.

Et pas non plus aux ''riches'' qui y envoient leurs kids. À l'établissement, qui ne peut augmenter ses frais d'admission que d'un certain pourcentage chaque année et dont les dépenses, comme les autres écoles il est vrai, ne font qu'aller en augmentant.

En plus, Vandal s'est abstenu de participer aux réunions d'Hydro et du Collège pendant qu'on pesait cette option. Comme les Molson l'ont fait quand ils ont acheté le Canadien il y a 3 mois malgré qu'ils étaient et sur le conseil d'aministration du Canadien et celui de Coors...

Encore une fois: c'est correct pour une compagnie privée (deux en fait) qui ne dévoilent jamais leurs 'chiffres' malgré qu'ils nous vendent leurs billets de spectacles 300$ (U2, Centre Bell) et leurs billets de hockey 175$ (Canadien, Centre Bell, match hors-concours!) - mais une école secondaire?

Le problème d'éthique en est un de société: une seule et même personne ne devrait pas pouvoir siéger sur plus d'un conseil d'administration. Ça crée une homogénéité dangereuse et tendancieuse qui oriente la société au complet dans une direction que de moins en moins de gens ont le pouvoir de décider de suivre. C'est vrai - et c'est mauvais. Mais tant qu'il n'y aura pas une loi contre, il faudra vivre avec.

Un des pires cas de ce type de conflit d'intérêts demeure Jacques Ménard, actuel chef de BMO qui a, justement, procédé à la vente du Canadien. Quand les Expos ont été vendus en 1991, vu ses contacts avec BMO Nesbitt Burns qui en devenaient actionnaires minoritaires, il a été nommé au conseil d'administration des Expos, ce qui l'a conduit à plusieurs postes simultanés, que je cite du site web de BMO:

L. Jacques Ménard est président du conseil d’administration de BMO Nesbitt Burns, l’une des plus importantes sociétés de valeurs mobilières au Canada. Il est également président de BMO Groupe financier, Québec. À ce titre, il chapeaute les activités de BMO Banque de Montréal et de ses filiales qui comptent quelque 170 succursales et 5 000 employés.

M. Ménard est présentement administrateur de Claridge Inc., de l’Institut de cardiologie de Montréal, de l’Orchestre Symphonique de Montréal et des Alouettes de Montréal. Il est également membre du comité consultatif de l’Institut des administrateurs de sociétés (Section du Québec) et membre associé du conseil d’administration des Réseaux canadiens de recherches en politiques publiques inc., en plus de siéger au Conseil consultatif international de l’École des HEC, au Conseil consultatif de l’École des affaires publiques Glendon de l’Université York et au conseil d’administration de la Fondation Macdonald Stewart.

M. Ménard a par ailleurs présidé le Comité de travail sur le financement et la pérennité du système de santé et de services sociaux du Québec, mis sur pied par le Gouvernement du Québec en décembre 2004. Il a publié en 2008 un premier livre intitulé Si on s’y mettait… , dans lequel il propose dix grands chantiers assortis de propositions d’actions concrètes pour relancer le Québec. Dans la foulée de ce livre, il a créé le Groupe d’action sur la persévérance et la réussite scolaires, composé de 28 membres en provenance de ministères du gouvernement du Québec, du milieu des affaires et d’organismes oeuvrant dans des domaines reliés à la persévérance scolaire. Le Groupe a dévoilé son plan d’action en mars 2009.

Hey, ça en fait des affaires! Parlez-moi de ça, un gars qui en connaît autant en finances qu'en musique classique, en sports, en santé, en politique et en éducation! Crissez-le premier ministre, quelqu'un!

À côté de lui, Thierry Vandal, c'est rien. Et pourtant, c'est Vandal qu'on accuse de corruption et de conflits d'intérêts. Vous y comprenez quelque chose, vous?

De toutes façons, peu importe de quel côté du débat vous vous placez, demandez-vous: est-ce la première fois que l'élite redonne à l'élite? Surtout une élite qu'elle connaît? Dites-vous qu'on est ici dans un cas bien moins pire que celui de Dick Cheney et les contrats attribués à Halliburton en Iraq et en Afghanistan, ou des lois changées par George W. Bush pour accomoder ses amis de l'industrie pétrolière...

Encore une fois: Hydro-Québec a donné de l'argent...
à une école secondaire...
francophone...
originellement catholique...

Sacrament!

ajout: dans la foulée de la controverse, Notre-Dame a refusé le cash...

jeudi 6 août 2009

Dehors, Novembre: Dédé Fortin, Rêveur Éveillé

Faut croire qu'il est temps de se remémorer. Cet hiver, il y a eu le film, Dédé À Travers Les Brumes, qui a amené sa vague de souvenirs, puis cette semaine, il y eut pas moins de trois spectacles-hommages à Dédé Fortin, dont un avec quelques-uns de ses anciens comparses des Colocs.

Puis une autre pluie de textes sur André ''Dédé'' Fortin, dont trois sur Cyberpresse: Marc Cassivi qui me vole mon opinion, Alexandre Vigneault aussi, et Marie-Christine Blais en fan toujours aussi finie qui parle de son enterrement.

Bon, je dis ''vole mon opinion'', mais ce n'est que parce qu'eux aussi n'ont pas trippé sur le premier disque des Colocs, celui des méga-succès Julie, Passe-Moé La Puck et La Rue Principale (bien que j'avais trouvé les clips pas mals). C'était, pour moi, ni plus ni moins que de la musique de party (trop?) typiquement provinciale avec des textes vaguement sociaux mais assez communs, trop évidents - comme une publicité où l'on voit des enfants africains mourrir de faim. Bien sûr que ça nous touche, mais: 1. vous y êtes déjà à les filmer, aidez-les vous-mêmes, et 2. c'est trop évident qu'on joue avec nos instincts primaires, c'est devenu plus qu'on sait qu'on se sentirait mal d'être indifférents alors on s'efforce de ne pas l'être.

Déjà, en 1995, avec Bon Yeu, sur Atrocetomique, bien que la langue y était plus crue, le message passait mieux. Le problème de la rareté de l'emploi, de la pauvreté y était quand même traité plus subtilement et moins directement que dans Passe-Moé La Puck, qui traitait d'itinérance et de l'hypocrisie de l'attention qu'on y consacre au temps des fêtes. Le clip de Bon Yeu, en plus, sa simplicité, en fait, ne faisait qu'ajouter au message: loin du stop-motion des trois premiers hits, on reprenait les cartons blancs avec messages en noir de Subterranean Homesick Blues de Bob Dylan, le premier clip à utiliser ce procédé, mais, par surcroît, de filmer le tout dans la cour d'une église abandonnée - située à côté du 2116 St-laurent où le groupe a été formé - vouée à la démolition malgré son statut de monument national, on ajoutait un second degré à l'idée.

Ah, les idées. Fortin en débordait. Celle de lancer son deuxième album au Spectrum, au party référendaire du camp du Oui le soir du référendum sur la souveraineté de 1995, alors que Mike Sawatzky, guitariste du groupe, un Cri anglophone de l'Ouest Canadien de naissance, est partisan du Non, en était une qu'il aurait pu abandonner. Un peu parce que c'était un pari risqué de devoir chanter ses chansons de party dans une ambiance de défaite si défaite il devait y avoir, mais aussi parce qu'il est prétentieux, après seulement un album, de se faire la tête d'affiche d'une cause défendue depuis des décennies par les Richard Séguin, Richard Desjardins et autres Paul Piché.

Et non seulement il y a eu défaite, mais le discours que prononça Jacques Parizeau, blâmant légendairement ''l'argent et le vote ethnique'' allait totalement à l'encontre des valeurs de Dédé, qui voulait, oui, un Québec souverain et indépendant, mais le voulait inclusif, pour tous ceux qui voulaient être Québécois, peu importe la langue d'origine, la couleur de peau, la religion, l'orientation sexuelle...

Le Québec de Dédé Fortin non seulement acceptait un Mike Sawatzky mais tenait à son épanouissement. Celui de Parizeau lui a confirmé ce que Sawatzky avait entendu toute sa vie: speak white, hostie. M'enfin...

Je ne sais pas si je suis anormal ou vicieux, mais je semble préférer l'art qui naît dans la tristesse. Avec la mort de son comparse et Coloc d'origine Patrick Di Napoli (VIH, 1994) , la défaite référendaire et la crise du verglas déprimante à souhait début 1998, Fortin en a broyé du noir.

Et il nous a pondu Dehors Novembre, le deuxième meilleur disque de l'histoire du Québec. Je vous épargnerai pour l'instant (et garderai pour un texte prochain) les raisons qui me poussent à l'en classer ainsi (et l'identité des autres qui l'entourent), mais il s'agît d'un album parfait: sombre, texturé, textes recherchés et poignants, ouverture sur le monde, phrases en Wolof, band aggrandi, quelques tounes plus beatées (dont une entièrement reggae) pour plaire aux radios, la meilleure chanson une ballade morbide - Le Répondeur - que le groupe refuse de sortir en single (un peu comme Black, de Pearl Jam, en 91-92), un vrai trip artistique réussi du début à la fin.

Je l'ai acheté parce qu'il était en spécial au Future Shop à 9.99$ (comme la plupart des nouveautés de la semaine à l'époque) et je savais que je pouvais le revendre pour 6 ou 7 dollars à un magasin de disques usagés si je ne l'aimais pas, une moindre perte; j'avais l'habitude d'acheter entre 5 et 10 disques par semaine à l'époque, juste pour voir (et surtout entendre!) ce qui se faisait, partout, en musique.

C'était en mai 1998, premiers balbutiements de ma relation avec une fille qui s'appelait Myriam. En arrivant chez ma copine, qui travaillait, je me suis assis sur le divan et j'ai mis le disque, m'attendant à endurer un calvaire d'environ une heure avant de passer à autre chose. Mais voilà, je n'ai pas bougé d'un poil pendant toute l'écoute, même qu'une fois le disque terminé, je suis resté sur place, ébahi, mortifié, atteint, dévasté.

Chaque mot un pincement au coeur, chaque phrase qui se termine un tour de fer dans la plaie. Je l'ai ré-écouté 6 autres fois avant que Myriam ne revienne de travailler.

- Qu'est-ce que tu fais là?
- Je viens de finir d'écouter le nouveau disque des Colocs. Sept fois...
- Sept fois? Mais tu ne les aime même pas!
- C'est ma-la-de. C'est tellement bon, tellement touchant, tellement marquant. Tu te souviens il y a deux ans, l'effet qu'a eu Le Dôme de Jean Leloup? Bien que tout le monde l'aimait, ce fut la surprise quand même quand le chef d'oeuvre est sorti?
- Ouais...
- Pareil. Mais en triste au lieu d'en fucké. Au lieu de te confondre dans un Manoir À L'Envers - quand tu ne sais pas qui est M.C. Escher, bien entendu - ou de te parler d'Edgar Poe saoûl sur le bord de la route, ben il te parle de mort, de dépression hivernale, de solitude. Et pis ça frappe dans le mille.

Contrairement à ce que l'on peut penser, puisque je suis un musicien avec une formation en cinéma, rarement je n'associe une chanson avec un événement, sauf, bien entendu, dans un concert. Je le précise parce qu'à l'été 1998, ma relation avec la fille citée plus haut a pris fin. Il appert aussi que j'ai passé une bonne partie de l'été à écouter l'album des Colocs. Certains font le lien: il était déprimé, il a écouté de la musique déprimante, c'est pour cela qu'il aime l'album. Mais non. Non seulement il n'y avait aucune chanson sur repeat chez moi, mais même à ce jour, je n'associe aucune chanson (d'aucun artiste) ni aux meilleurs ni aux pires moments de ma relation avec elle, ni à ma façon de passer au travers la rupture (qui fut, en fait, d'obtenir le premier ''emploi de rêve qui allait me décevoir'', soit de travailler au magasin de livres et de disques usagés L'Échange).

Certaines chansons ont beaucoup tourné à la radio et à MusiquePlus, je pense ici évidemment à Tassez-Vous De D'Là et Pis Si Ô Moins, une rotation excessive qui aurait pu tuer le goût d'entendre ces chansons-là, mais il n'en fut rien. Et c'est tant mieux.

Avec le temps, j'ai pu apprivoiser certaines des pièces des albums précédents de façon à ne pas chercher les toilettes à tout prix quand je les entends dans un bar ou chez quelqu'un, mais elles demeurent moins bonnes et moins marquantes, moins poignantes que celles de Dehors Novembre. Comme si elles étaient incomplètes.

J'en discutais avec Jimmy Bourgoing, leur batteur originel, qui quittait le navire en 1998. Même lui ne peut écouter certaines pièces, dont la chanson-titre dont il a co-signé la musique, de l'album, parce qu'elles sont trop touchantes.

Il est difficile d'élever au rang de légende un artiste qui a pondu un chef d'oeuvre et deux albums potables, mais on l'a fait pour Kurt Cobain en 1994, même que pour lui, de façon posthume, on a révisé tous les palmarès du temps qu'il était en vie pour le faire passer de la deuxième, troisième, cinquième, dixième place à la première, révisionnisme assez bâtard. Et je pleure chaque fois que Dédé Fortin est comparé à Cobain, parce que c'est le rabaisser énormément que de le catégoriser ainsi.

Avec Leloup, Fortin aura été le porte-étendard d'une culture québécoise populaire et intelligente des années 90, qu'ils ont dû porter bien haut et bien seuls, malheureusement, trop peu souvent suivis par des Daniel Bélanger et Kevin Parent pas toujours à la hauteur - et dépassés en termes de ventes par des Éric Lapointe cheaps et des centaines de clones de Céline Dion.