mercredi 3 novembre 2010

Le Monde Dans Lequel On Vit

2010. Maintenant. Au Québec. 50 ans après la Révolution Tranquille, libéré du joug de la religion.


Et voici qu'on retrouve des phrases qui ne font aucun sens qui font maintenant office de Loi.


Mais revenons en arrière un tout petit peu, genre 5000 ans. Les choses vont tout croche, faut mettre de l'ordre dedans, les futurs occidentaux imitent les Mayas et les égyptiens et adoptent des règles de vie qu'ils imputent à ''Dieu''. Dix commandements, que Moïse (pas Thériault, l'autre) a reçus ''directement'' du divin, qui était déguisé pour l'occasion en buisson ardent. Dix règles quand trois auraient suffit: faut pas tuer, voler, ni faire chier les autres.


De décennie en décennie, on met sur place des systèmes qui évaluent les degrés selon lesquels on peut se retrouver coupable des règles de bases et des punitions qui s'y appliquent, en plus d'en ajouter des nouvelles, selon l'imagination des crosseurs du temps. Mais les temps et les moeurs changent. Les lois sont là pour que les valeurs morales d'une époque n'empiètent pas sur les droits des individus.


Jusqu'ici tout va bien, comme il se dit dans La Haine.


Bon, Montréal, Québec, 2010. Société qui se veut égalitaire, un des endroits en Amériques où la syndicalisation est la plus répandue (parfois trop, surtout dans ses défauts... humains); société où l'égalité entre hommes et femmes, sur tous les points même en question de salaire, est assurée par la loi; société qui, contrairement à la plupart des autres qui existent encore en Amérique, n'a pas été fondée sur le racisme ou sur une vague notion qu'un peuple valait plus qu'un autre; tous les ingrédients pour l'appeler l'Eden moderne, si on pouvait modifier ses défauts à mesure qu'ils arrivent au lieu de les empirer.


Et on vient au cas ''Lola Contre Éric'', ces fameux noms d'emprunt qu'on dit utiliser pour protéger l'identité des enfants du couple, mais c'est un secret de polichinelle que l'homme dans l'histoire est un des personnages publics les plus riches du milieu culturel. Lola et Éric n'étaient pas mariés, et le couple n'a pas duré - mais ils ont eu des enfants. La Cour a ordonné à Éric de donner une pension alimentaire de 411,000$ par an pour les trois enfants, j'imagine pour qu'ils puissent aller à l'école privée en avion et déjeuner au caviar.


Encore une fois: jusqu'ici, tout va bien. C'est exagéré, surtout quand on pense que des enfants à Montréal-même meurent de faim, mais c'est comprenable. Défendable, même.


Mais la madame exige plus: elle veut une somme de 50 millions plus une pension alimentaire pour elle-même. Pour avoir partagé la vie d'un homme riche pendant des années. Et la phrase de son avocate, Me Anne-France Goldwater, qui m'a assez piqué pour que j'écrive cette chronique:
Ce n'est pas juste une histoire entre gens riches et célèbres. Ce jugement touche 1,2 million de personnes, hommes et femmes, riches et pauvres. L'amour vient avec des obligations, que l'on soit marié ou conjoint de fait.
L'amour vient avec des obligations? Quelles obligations? Des obligations d'épargne? Des obligations de faire semblant de s'aimer même quand l'amour part?


Rappelons qu'au Québec, contrairement à la plupart des autres états civilisés, la notion d'entente pré-nuptiale n'existe pas légalement. Donc, contrairement à ailleurs - où les gens peuvent signer des contrats stipulant qu'ils quitteront la relation avec ni plus ni moins que les mêmes possessions et la même situation financiaire qu'avant d'y entrer, plus ce qu'ils acquériront et qui sera à eux, moins ce qu'ils auront donné ou perdu - le QQuébec n'autorise pas une telle entente. Donc, si un couple se marie et se sépare, la moitié flouée a droit à la moitié du patrimoine familial.


C'est pour cela, souvent, que des couples décident de former une union de fait plutôt que de se marier: parce qu'on y ressort de la même façon qu'on y est entré, sans les droits acquis des couples mariés - tout en bénéficiant des avantages sociaux des couples pour le laps de temps que dure la relation.



Si l'un et l'autre sont pour devenir indifférenciables, il va falloir ou bien donner le droit au ''pre-nup'' ou bien définir un minimum de temps à passer avec l'autre avant d'avoir droit à la moitié de son stock, sinon on pourrait se retrouver avec une quantité infinie de profiteurs qui vont encombrer notre système judiciare après des relations de deux semaines avec plus riche que soi.


J'ignore ce qui a poussé les juges de la Cour d'Appel à utiliser leur pouvoir pour dénaturer le système-même sinon que de vouloir qu'on fasse un débat social sur ce qu'est vraiment un couple. Et, franchement, ce serait une perte de temps énorme.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

La différence, c'est qu'autrefois, les femmes ''à la maison'' étaient protégées par le mariage. L'homme avait le rôle de subvenir aux besoins $$ et la femme entretenait la maison, les enfants, etc. Comme elle n'avait pas de revenu, le mariage la protégeait en ce sens via le patrimoine familial afin que la femme ne se ramasse pas tout nu dans la rue.

''Ce jugement touche 1,2 million de personnes, hommes et femmes, riches et pauvres. L'amour vient avec des obligations, que l'on soit marié ou conjoint de fait.''

À bien comprendre le sens de l'avocate, je suis aussi bien de signer un contrat de cohabitation avec mon chum tout de suite puisque la maison est à moi, je paye et que s'il sacre son camp, comme mon salaire est plus élevé, il pourrait me demander une pension alimentaire, me condamnant à vendre ma maison...

Nous sommes en train de détruire les couples... pour faire profiter les avocats qui n'ont plus assez de divorce sur les bras.

Sébastian Hell a dit…

C'est en plein ce que je me disais, quoique je ne sais pas si la longueur de mon texte en ait fait perdre son sens.

Va falloir se mettre à faire des plans à long-terme à chaque fois qu'une relation dépasse le stade du one-night, être en couple va coûter plus cher que de voir des guidounes.