Un dénommé Jordy, historien et anthropologue d'origine catalane a mis l'emphase sur l'importance de « concrétiser » à l'âge adulte. Son discours fut prononcé sur une île au large de Mochima, au Vénézuela, samedi, le 9 août de l'an 2008. L'éminent spécialiste méconnu expliquait qu'il essayait depuis des années de terminer un roman qu'il avait commencé à écrire: « Il est fort probable que le résultat soit une merde, mais au moins, cette merde sera mienne. » C'est cette phrase on ne peut plus inspirante qui m'amène a vous offrir cette merde qui « pue bien » comme disait mon ami Jean, un français établi au Mexique depuis tellement longtemps qu'il ne se souvient plus qui était la Marseillaise.
Quoique... en ce moment je vacille comme la flamme d'une bougie imaginaire et j'éprouve un certain regret, dois-je avouer: c'est que je suis en train de vous mentir, hypocrite lecteur. En effet, ce que vous êtes sur le point de lire est tout sauf une merde. Ceux qui diront « c'est de la merde » pourront désormais se vanter d'être de parfaits ignorant en matière de littérature.
CONTRE L'AUTO-DÉNIGRATION, l'auto-dévaluation, c'est-à-dire convertir le lecteur en bourreau. OUI à l'auto-critique intériorisée ou extériorisée dans le but de contre-attaquer de façon contondante (qui frappe fort sans laisser de trace) et de renforcer le coup porté par le dire - qui est action autant que le geste. Contre-attaquer, attaquer, parce que parler c'est prendre position.
FRANCHISE ET HONNÊTETÉ dans le combat littéraire. Une force externe nous agresse et nous amène a prendre notre plume et élaborer un discours, peu importe sa nature. Un pôle de communication est obligé face au conflit qui doit être explicite. L'ENNEMI DOIT ÊTRE NOMMÉ. Pour écrire il faut du courage. Jean-Paul Sartre a écrit dans son oeuvre Qu'est-ce que la littérature? quelque chose qui ressemblait a ceci : le stylo est à l'écrivain ce que le fusil est au soldat envoyé en plein champ de bataille. Peu importe s'il touche sa cible, l'important est de tirer et d'avoir une cible. Sa vie en dépend. Il en va de même pour l'écrivain. Celui-ci se trouve constamment en position de combat et ce, même s'il ne l'admet pas. Par exemple, le mouvement alter-mondialiste propose une esthétique qui aspire à en finir avec la proposition nihiliste que nous offre le post-modernisme qui revendique une passivité et une complaisance totales qui aboutissent en un individualisme pathologique causé par une hyper-consommation qui reigne dans les sociétés capitalistes centrales. Malgré le fait que la proposition alter-mondialiste puisse paraître simple et vague, on ne peut lui enlever le mérite d'avoir un ennemi bien défini qui correspond à la dite « mondialisation » des marchés. Il n'y a de cela aucun doute que le capitalisme a bien su récupérer et continuera à recycler une bonne partie de la production culturelle générée par le mouvement culturel en question. Cependant, « rien ne se perd, rien ne se créé, tout se transforme ». La force de ce mouvement réside en ce qu'il prétend inclure les grandes majorités laissées pour contre par l'offensive néo-libérale. De plus, il s'agit d'un mouvement qui se caractérise par sa pluralité, contrairement aux mouvements socialistes qui aspiraient à changer le mode de production durant les années soixante-soixante-dix. Il est donc à prévoir que la force qui fit surgir le mouvement alter-mondialiste -en se fortifiant elle-même- provoquera sous peu la résurrection ce mouvement sous une autre forme. D'ici là, je propose d'être encore plus clair : l'adversaire doit avoir un nom et un prénom, de la chair et des os, un corps et une âme afin que le conflit soit un référent limpide pour le lecteur. Être honnête demande de la force et du travail et cela est du à la probabilité que l'ennemi se sente offensé et qu'il réponde à l'agression. Sauf qu'il faut comprendre que c'est précisément ce qu'il y a de plus souhaitable pour tout le monde.
ÉCRIRE, CHANTER, JOUER, FILMER, INTERPRÉTER, DESSINER, PEINDRE, SCULPTER, ETC., ETC., ETC. SANS ARRÊT.
Manifeste postmortemiste
Le «post-mortemisme » est un concept vide qu'il faudra donc remplir. Il s'agit d'un concept creux, un calembourg facile autours du mot « post-modernisme » qui s'est justement érigé comme mouvement général de l'époque qui nous précède de part sa complète vacuité. Toutefois:
Le post-modernisme est mort. En fait il est mort depuis longtemps. La balle qui a fait exploser le cervelet de Kurt Cobain a ricoché et elle est venue se loger en plein coeur du post-modernisme. Le post-modernisme a alors vu toute sa vie défiler devant ses yeux : depuis ses premiers balbutiements, à peine sorti du ventre de la plume de Lyotard, en passant par ses premiers pas en pantalons à pattes d'éléphant se dandinant sur du disco, par ses premières lignes de coke alors qu'il était requin de la finance sur Wall Street, ses premières injections d'héroïne à Seattle qui annonçaient déjà son suicide.
Il y a donc longtemps que le post-modernisme est mort, plus de dix ans déjà. On peut dire même que plusieurs autres mouvements culturels ont caractérisé cette période. Cependant, ils n'ont pu transcender dû au fait que nous n'avons toujours pas eu l'occasion de faire notre deuil de ce cadavre de polyester né au milieu des années soixante-dix. Le post-mortemisme est précisément cette période de deuil, de vide dans lequel tout ce mélange et duquel surgira la prochaine connerie qui colorera l'atmosphère dans laquelle nous baignons. De quoi sera fait cette nouvelle époque? Si je le savais, j'aurais une bonne raison de m'emmerder et, comme je n'en ai aucune idée, je garde espoir en dépit du fait que cela démontre une grande naïveté de ma part. Pour le moment, l'important c'est d'en finir avec le post-modernisme pour pouvoir un jour passer à autre chose afin de donner un peu de matière aux cégépiens qui sont obligés de suivre des cours d'histoire de l'art.
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